Trevor Silver voulait être avocat pour inspirer les membres de sa collectivité. Toutefois, un stage d'été peu inspirant et un incident raciste pendant ses études de droit l'ont amené à revoir ses plans. Il a finalement choisi d'écouter son cœur et de créer une marque investie d'une mission.

Crédit photo : Paul Adams Photography

L’expérience des Noirs de l’Atlantique est une série vidéo qui raconte l’histoire, les difficultés et les réussites de quelques leaders noirs émergents du Canada atlantique, dans le but d’éduquer et d’inspirer une nouvelle génération. Nous célébrons ces pionniers qui changent le discours ambiant sur ce qui est possible pour les membres de la communauté noire, les personnes marginalisées et tous les habitants de notre région.

Cette série, qui sera lancée pendant le Mois de l’histoire des Noirs, explore les défis particuliers que doivent relever les Noirs des provinces de l’Atlantique, notamment le racisme systémique et le racisme explicite, et souligne l’importance et l’efficacité des mesures visant à s’attaquer réellement à ces problèmes, de façon concrète et stratégique.


Trevor Silver a grandi à North Preston, en Nouvelle-Écosse, qui compte la plus grande communauté noire de la province, et qui regroupe la plus grande concentration d’Afro-Canadiens au Canada. Dans sa jeunesse, Trevor avait le sentiment que la Nouvelle-Écosse était très « noire et blanche » et que sa communauté était isolée en raison des stéréotypes dont elle était victime. Inspiré par ses grands-pères entrepreneurs et par d’autres modèles, il était convaincu de pouvoir faire plus que ce qu’on attendait de lui. Aujourd’hui à la tête d’une marque de vêtements qui inspire d’autres personnes à viser la réussite, il raconte son histoire afin de montrer ce qui est possible.

« S’ils peuvent le faire, je le peux aussi »

Toute sa vie, Trevor s’est inspiré des autres pour ensuite inspirer d’autres personnes. Quand il était en 12e année, son cousin a suivi le programme transitoire de l’Université Dalhousie, conçu pour aider les étudiants noirs et autochtones à se préparer à l’université. Trevor s’est alors dit : « S’il peut le faire, je le peux aussi ». Un enseignant du secondaire l’a encouragé à s’inscrire au programme, puis Trevor a décidé de se diriger vers l’école de droit.

Il n’y avait pas beaucoup d’avocats noirs en Nouvelle-Écosse. « Je voulais devenir avocat, entre autres pour montrer aux gens de ma communauté que nous pouvons sortir des sentiers battus. Je voulais inspirer les autres », dit-il. Après un programme de premier cycle où il a étudié l’histoire et le commerce, Trevor s’est inscrit à l’école de droit, soutenu par l’Indigenous Blacks & Mi’kmaq (IB&M) Initiative de l’Université Dalhousie.

Crédit photo : Gladyz Photography

Trevor Silver (à gauche) voulait devenir avocat pour inspirer les gens de sa communauté. Toutefois, un stage d’été peu inspirant et un incident raciste pendant ses études l’ont amené à revoir ses plans. Il a finalement choisi d’écouter son cœur et de créer une marque investie d’une mission.

Mais son rêve s’est évanoui après le début du programme. Après un stage d’été dans un cabinet d’avocats, Trevor s’est rendu compte qu’il n’aimait pas ce travail autant qu’il l’avait imaginé. « J’étais mal à l’aise. Ce n’était pas ce que je voulais devenir », témoigne-t-il. À peu près à la même époque, même si ça n’avait rien à voir avec lui, une fête qu’il avait planifiée a été brusquement annulée par l’entreprise responsable de l’organisation, en raison d’incidents violents impliquant des Noirs de la Nouvelle-Écosse. Ce racisme manifeste a ébranlé son moral.

« Je voulais devenir avocat pour inspirer les autres, mais je voulais aussi être accepté par la société blanche. Je croyais qu’en devenant avocat, les autres me traiteraient différemment. Mais l’expérience m’a rappelé qu’un Noir reste toujours un Noir, même s’il est avocat. » Trevor a alors pris congé de l’école pour s’inspirer de personnes qui poursuivaient leur rêve.

East Coast Lifestyle est une marque de vêtements populaire de la Nouvelle-Écosse. « Quand j’ai vu que des gens d’ici avaient bâti cette marque, je me suis dit que je pouvais faire la même chose. » D’autres créateurs locaux l’ont également inspiré. « Leur provenance me confirmait que mon rêve n’était pas si fou. »

« Il faut se sentir en accord avec soi-même »

Fin 2016, Trevor a commencé à concevoir sa marque tREv, puisant dans sa créativité, son esprit d’entreprise et son désir d’inspirer et de motiver les autres. « tREv n’est pas qu’une abréviation de mon prénom. C’est un acronyme qui signifie « trust, Respect, Educate et value » (confiance, respect, éducation et valeur), explique-t-il. Je voulais que les consommateurs puissent s’identifier à ces principes, que cela ajoute de la valeur à leur vie. » Trevor croit que les valeurs et le succès de sa marque ont une force. Les principes de tREv peuvent rapprocher les communautés. « Peu importe votre couleur, la sincérité attire la sincérité. La mode peut rapprocher les Blancs, les Noirs, les Asiatiques et les Autochtones. Tous ceux qui portent la même marque ont le sentiment d’avoir quelque chose en commun. »

Trevor espère aussi que son histoire pourra motiver d’autres personnes qui se sentent emprisonnées par les stéréotypes ; il croit qu’en parlant de son expérience personnelle, il peut inciter des Noirs de sa communauté et d’ailleurs à reconnaître leur potentiel. « Quand on se heurte au racisme et à la discrimination, on ressent un enfermement mental. On a l’impression d’être réduit à une seule possibilité. Il nous revient de nous sortir l’un l’autre de cet enfermement. En tant qu’entrepreneur, je peux créer des emplois pour ma communauté, je peux inspirer les autres. Par l’écoute, le dialogue et la compréhension, nous pouvons nous libérer mutuellement de nos contraintes. »

« Suivez votre voie et votre mission »

Trevor conçoit tout lui-même, mais il charge des artistes locaux de concrétiser ses idées. Il cherche toujours à créer de nouveaux produits, et il a beaucoup de projets en marche. Début 2020, alors qu’il travaillait à ouvrir une boutique, la pandémie l’a forcé à plutôt développer sa marque au moyen des réseaux sociaux, ce qui a suscité de l’intérêt dans sa communauté et ailleurs. Trevor admet qu’il faut investir beaucoup d’effort et de temps pour bâtir une marque, mais il a confiance en l’avenir. Sa marque gagne en notoriété, ses ventes ont doublé en un an, et l’intérêt est plus vif que jamais.

« Lorsqu’on suit sa voie et sa mission, de belles choses se produisent, dit-il. La clé, c’est d’écouter son cœur. »

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