L'annulation des pow-wow en raison de la COVID-19 cette année n'a pas freiné les chants, les danses et l'esprit de solidarité pour autant, grâce à une poignée de personnes ayant eu la brillante idée de se tourner vers les plateformes en ligne pour perpétuer cette tradition de longue date.

Il existe toutes sortes de pow-wow. Certains ne rassemblent qu’une trentaine de personnes, d’autres, des milliers de personnes. Dans tous les cas, il s’agit de rassemblements festifs où les gens s’amusent, dansent, chantent et se retrouvent. Pour plusieurs, il s’agit de la seule occasion où ils voient les membres de leur famille. Certaines personnes se déplacent même d’un bout à l’autre du pays pour célébrer leur culture avec leurs êtres chers.

Les pow-wow constituent, cependant, bien plus qu’une fête, car ils permettent aux membres des Premières Nations d’échanger dans leur langue et de perpétuer la tradition, et favorisent le transfert intergénérationnel de connaissances. Qui plus est, quantité d’artistes y vendent leurs créations, et c’est souvent lors des pow-wow qu’ils touchent la plus importante portion de leurs revenus annuels.

L’annulation des pow-wow physiques en 2020 en raison de la COVID-19 risquait donc de provoquer d’importantes pertes sur le plan financier et culturel. Fort heureusement, Dan Simonds, Whitney Rencountre et Stephanie Hebert sont passés à l’action et on créé le pow-wow Distanciation sociale, un groupe Facebook ayant pour objectif de maintenir la tradition.

Des débuts très humbles

C’est Dan Simonds, un artisan bien connu pour ses créations wompum, qui a eu l’idée originale de mettre sur pied le pow-wow Distanciation sociale. Le 16 mars, il a publié une vidéo dans laquelle il exprimait son idée de créer un espace où les danseurs livreraient leur prestation et où les marchands épongeraient leurs pertes, ainsi qu’un forum sur lequel les gens pourraient échanger dans l’esprit de communauté qui a fait la renommée des pow-wow.

L’idée a capté l’intérêt de Stephanie Hebert, artiste pratiquant la technique du perlage, danseuse et membre de la communauté micmaque, qui a communiqué avec Dan pour lui offrir son concours. Ils ont ensuite invité Whitney Rencountre à se joindre à eux comme maître de cérémonie et comme troisième cofondateur, afin que le groupe puisse prendre son élan. Le 20 mai, le groupe comptait 50 000 membres, le troisième week-end suivant sa création, il en comptait 145 000. Aujourd’hui, il compte plus de 170 000 membres des quatre coins du monde.

Une réaction enthousiaste

Les résultats ont largement dépassé les attentes des fondateurs. Les prestations de danse ont fusé et le groupe est devenu assez important pour lancer un marché solide composé de quelque 9 000 membres pour les milliers de marchands participants.

« Voilà un parfait exemple de l’innovation autochtone à l’œuvre et de la pertinence de la sagesse et de la tradition autochtones dans le monde moderne, a mentionné Dale Sturges, directeur général national, Services financiers aux Autochtones RBC. Il s’agit exactement du type d’événement dont nous aimons traiter dans notre publication annuelle, Un chemin tracé : Rapport de partenariat entre RBC et les Autochtones. »

Les marchands ont remercié les fondateurs de l’événement, qui leur a permis de maintenir leurs activités cette année et d’assurer leur subsistance. Parallèlement, des danseurs de chaque province canadienne, de chaque État américain, de nombreuses régions du Mexique et même de l’Amérique du Sud, publient leurs prestations. L’événement attire des spectateurs issus de tous les pays d’Europe, ainsi que de la Chine, de l’Inde, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande.

Le groupe a été approché par plus de 70 médias autochtones, nationaux, régionaux et internationaux. « Même le magazine Vogue a publié un article à notre sujet, a affirmé Mme Hebert, ce qui démontre que le phénomène touche les gens au-delà de la communauté autochtone. Le pow-wow a soulevé plusieurs enjeux sociaux, a-t-elle ajouté. Il ouvre des portes qui étaient auparavant fermées. »

Une nouvelle voie

« Notre culture est généralement centrée sur la communauté, a ajouté Mme Hebert, et les rassemblements sont profondément ancrés dans nos coutumes. » Les liens entre les générations sont cruciaux, ce qui rend les pow-pow si importants au maintien de l’esprit de la collectivité.

Si les pow-wow virtuels ne constitueront jamais un substitut parfait aux pow-wow physiques, Mme Hebert admet que le succès du modèle en ligne ne peut pas être ignoré. « Je suis d’avis que l’événement fera évoluer les choses sur le plan de l’accessibilité, mentionne-t-elle, et que les personnes malades ou incapables de voyager pourraient continuer d’avoir recours à ce mode. Les pow-wow physiques bien établis pourront certainement envisager de tirer profit de la technologie pour élargir leur portée. »

Pour l’instant, le pow-wow Distanciation sociale continue d’être diffusé en direct chaque fin de semaine et d’inculquer un sentiment d’appartenance aux personnes isolées chez elles grâce aux chants et aux danses. L’événement démontre avec éloquence la résilience des peuples autochtones et le caractère éternel de leur culture qui continue d’être célébrée et reconnue malgré les transformations qui marquent le monde.

Le nombre élevé d’abonnés au groupe démontre qu’aucun obstacle physique ne peut freiner l’esprit du pow-wow et qu’il est possible d’être unis, même à distance.

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