Des membres des collectivités autochtones et leurs alliés réfléchissent à la signification de la Journée internationale des peuples autochtones et à la façon dont une journée de célébration mondiale peut inspirer notre parcours collectif.
En décembre 1994, l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé que la Journée internationale des peuples autochtones serait célébrée le 9 août de chaque année. C’est à cette date, en 1982, qu’a eu lieu la première réunion de l’Instance permanente sur les questions autochtones de la Sous-Commission pour la promotion et la protection des droits de l’homme des Nations-Unies.
Cette année, RBC a communiqué avec des peuples autochtones et leurs alliés au Canada, aux États-Unis et en Australie pour discuter de l’importance et de la signification de cette journée, ainsi que de la façon dont le monde peut entamer un parcours collectif de guérison, d’espoir et de changements positifs.
Pourquoi cette journée internationale de reconnaissance est-elle importante ?
En créant des célébrations spéciales comme la Journée internationale des peuples autochtones, les Nations Unies encouragent, à l’échelle mondiale, la sensibilisation et la prise de mesures au sujet de problèmes qui demandent l’attention du monde entier. Selon Phil Fontaine, ancien chef de l’Assemblée des Premières Nations, la Journée internationale des peuples autochtones « constitue, pour les peuples autochtones, une occasion d’aborder, avec le reste du monde, des questions qui sont d’un grand intérêt pour eux, et qui ont aussi une grande importance pour le monde entier ».
Monsieur Fontaine constate que nous avons, dans notre histoire collective, atteint un point où l’on reconnaît, à l’échelle mondiale, que les peuples autochtones sont au cœur de l’intégrité de tous les États-nations auxquels ils appartiennent, et qu’une journée de célébration internationale aide à diffuser ce message.
Karen Bird, membre de la Première nation Batchewana, et directrice générale associée de succursale et conseillère en placement à RBC Dominion valeurs mobilières est d’accord, et elle considère que le fait que cette journée soit célébrée dans le monde entier permet d’établir des partenariats à l’échelle mondiale. « Il est plus facile d’établir des partenariats et de collaborer pour élaborer des méthodes lorsqu’on procède de façon holistique, en tant qu’espèce humaine », explique-t-elle. « De plus, lorsqu’il y a des journées qui incitent les gens à prendre, dans leur emploi du temps chargé, un moment pour se pencher sur une question et y réfléchir, cela peut faciliter la création de ces partenariats. »
Mme Bird ajoute que les enseignements des premiers peuples de tous les continents sont semblables. Leurs cultures et leurs façons de voir le monde et l’environnement et de se traiter les uns les autres ont les mêmes fondements. Toutefois, leurs voix sont diverses et il n’est possible d’accomplir le travail nécessaire que lorsqu’un tel nombre de voix diverses font consensus autour de la table.
Elle explique aussi que les célébrations de ce genre unissent les collectivités mondiales, et réfléchit sur la façon dont les événements qui se déroulent dans un pays peuvent en toucher un autre.
« Si l’on examine l’histoire du monde, dans tous les pays, les peuples autochtones ont vécu une oppression, une marginalisation et des iniquités semblables », affirme Mme Bird. « Avec le temps, il est possible que nous ne connaissions pas tous les détails ou toute l’ampleur de ce qui s’est produit ailleurs. Lorsqu’on entend parler d’événements qui se sont déroulés ailleurs, on pense automatiquement à son propre peuple, à sa propre vie et au fait que ces connaissances pourraient changer notre façon de voir notre propre environnement, ainsi qu’à ce qu’on pourrait faire pour s’assurer que nos enfants et nos petits-enfants ne vivent pas la même chose.
Felipe Piña est une employée autochtone de City National Bank, une société affiliée à RBC, qui défend les droits des autochtones. Elle fait écho aux réflexions de Mme Bird.
« Je crois que cette journée de reconnaissance est essentielle, car elle nous rappelle qu’il faut sensibiliser les gens du monde entier aux nombreuses injustices commises dans le passé ou, à tout le moins, amorcer une conversation à ce sujet. »
Car, s’il y a eu des pensionnats au Canada, il y en a eu encore plus aux États-Unis. Grâce à la secrétaire d’État à l’Intérieur Deb Haaland, l’une des premières personnes autochtones à être élue au Congrès américain, ces injustices font maintenant l’objet d’une enquête.
« Ne laisser personne de côté »
Le thème de la Journée internationale des peuples autochtones est « Ne laisser personne de côté : les peuples autochtones et l’appel pour un nouveau contrat social ». Si ce thème ne touche pas tout le monde de la même manière, il trouve un écho certain auprès du public.
« La première fois que j’ai entendu le thème de “ne laisser personne de côté », cela m’a fait penser aux petits qui rentrent au bercail », indique Mme Bird. Pour certaines familles, ces enfants manquent à l’appel depuis tant d’années. »
Selon elle, ce thème vise également à interpeller les pays qui n’ont pas encore souscrit aux lois internationales relatives aux peuples autochtones et aux politiques en matière de droits de la personne, ainsi que les pays qui l’ont fait, comme le Canada. « Peu importe le groupe auquel on appartient, notre race ou notre culture, nous avons tous des atouts à faire valoir et un rôle à jouer pour améliorer la vie des autres, ici comme ailleurs. Par exemple, les actions menées au Canada touchent les gens d’autres pays, et les décisions prises à l’échelle individuelle ont une incidence sur l’ensemble de la population. »
Pour Phil Fontaine, « ne laisser personne de côté » signifie l’éradication de la pauvreté de masse dans les communautés des Premières Nations et un meilleur accès à l’eau potable, de meilleurs logements et une éducation de qualité.
« Car, si nous offrons une éducation de qualité et que nous produisons des diplômés de niveau secondaire et postsecondaire, ceux-ci finiront par jouer un rôle très important dans la création d’économies durables. »
Pour Nick Rutherford, coprésident du Conseil de direction sur la diversité – Australie à RBC, c’est exactement pour cette raison que RBC a choisi d’établir un partenariat avec Youth Off the Streets (YOTS) et d’appuyer ses programmes pour les jeunes.
YOTS est un organisme qui soutient les jeunes sans-abri et défavorisés en danger, et son programme ASPIRE (l’acronyme de Aboriginal Students Participating in Education, c’est à dire étudiants autochtones participant à l’éducation) offre un certain soutien culturel aux jeunes autochtones en milieu scolaire. « Si le programme ASPIRE atteint ses objectifs avec tant de succès, c’est parce qu’il est axé sur les étudiants et leurs besoins individuels », explique Melanie Hofman, gestionnaire du programme d’intervenants jeunesse auprès des étudiants autochtones. « Le programme est adapté aux objectifs et aux résultats individuels liés à la création d’une identité culturelle, ce qui développe l’estime de soi et le sentiment d’appartenance. Cela amène les étudiants à établir des objectifs pour avoir un avenir productif en obtenant un emploi ou en poursuivant leurs études ».
Le programme Next Generation (prochaine génération) de YOTS, que RBC finance cette année, permet aux jeunes autochtones d’acquérir des compétences professionnelles et aide les élèves du secondaire à terminer leurs études et à effectuer une transition vers le monde du travail à la fin de leurs études.
« Lorsqu’on investit en éducation, on ne se trompe jamais », affirme M. Fontaine. « C’est ainsi que l’on amène la société à changer ».
En effet, ce sont les jeunes qui prennent les devants et qui ont cette formidable capacité de susciter des changements positifs. Karen Bird se souvient d’une publication qu’elle a vue récemment sur Facebook et qui représente une jeune fille noire tenant une pancarte sur laquelle est inscrit « Vous m’avez soutenue pour Black Lives Matter. C’est maintenant à mon tour de vous soutenir pour « chaque enfant compte ».
Un parcours collectif
Une telle célébration internationale favorise une réflexion collective, la création de partenariats et une évolution des mentalités, ce dont se réjouissent Mme Bird, M. Fontaine et Mme Felipe, surtout au vu du niveau de traumatisme que l’on constate actuellement dans le monde.
« Le monde est en plein processus de guérison en ce moment, ajoute Mme Bird. Il y a beaucoup de traumatismes générationnels, raciaux et humains, et c’est accablant. » Toute la conception que certaines personnes avaient du Canada a volé en éclats, car elles apprennent comment nos peuples ont été traités. »
Elle juge qu’il est important de transformer les traumatismes du passé en une façon nouvelle de bâtir des relations. « La plus grande leçon à tirer maintenant est de savoir comment transformer cette situation en un bon mode de vie. »
M. Fontaine abonde en son sens et pense qu’en tant que nation, nous ne devrions pas concentrer toute notre attention sur les tombes anonymes des pensionnats. « C’est extrêmement important, mais nous devons permettre à la conversation d’évoluer, et je crois que ce qui importe vraiment, c’est de voir notre peuple comme une force pouvant entraîner des changements positifs au Canada. »
Cette conversation doit effectivement avoir lieu entre les peuples autochtones et leurs alliés, qui doivent passer à une autre étape dans leur parcours personnel. Selon Mme Bird, « la période de sensibilisation est terminée ». « Cette initiative est chose du passé. Les alliés doivent maintenant prendre les devants et passer à la prochaine étape de sensibilisation, car plus aucun Canadien ne peut dire qu’il n’était pas au courant. » Elle nous pousse tous à réfléchir à la façon dont nous pouvons contribuer au monde et travailler ensemble pour l’améliorer.
Mme Felipe est d’accord pour dire que l’on ne peut changer l’histoire, mais que l’on peut en tirer des leçons et la reconnaître. « Il faut espérer que l’augmentation de la sensibilisation inspirera les alliés à se lever et à s’impliquer.
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