L’auteure-compositrice-interprète émergente Domanique Grant témoigne de la vie d’artiste en temps de pandémie

Cet article a été initialement publié sur Découverte et apprentissage.

Bien des gens suivent une formation pour assurer leur réussite professionnelle. Les artistes, eux, ont un parcours souvent plus incertain et semé d’embûches. La pandémie mondiale ajoute un niveau de difficulté à la vie d’artiste – annulation de spectacles, fermeture de galeries et de théâtres, etc. –, et il devient donc essentiel de soutenir les créateurs émergents.

Selon l’auteure-compositrice-interprète émergente Domanique Grant, la plus grande difficulté de l’année a été de trouver la façon de garder le contact avec son public tout en apprenant rapidement comment se débrouiller dans l’univers numérique. Domanique a récemment partagé ses réflexions en compagnie d’autres créateurs, à titre de panéliste de l’Académie des artistes émergents RBC, présentée par Objectif avenir RBC et le projet Artistes émergents RBC. La série virtuelle gratuite en cinq parties propose des ressources et des conseils de perfectionnement destinés aux artistes. Chaque épisode présente des experts du milieu et des artistes émergents, ainsi que des outils permettant aux jeunes créateurs de poursuivre leur apprentissage et leurs collaborations en cette période éprouvante.

Le premier épisode, qui traite des arts en temps de pandémie, présente une importante conversation sur les répercussions de la COVID-19 pour les artistes, et sur les leçons que peuvent en tirer les créateurs émergents. Animé par Valerie Chort, vice-présidente, Citoyenneté d’entreprise et Développement durable, le débat regroupe des panélistes du Festival international du film de Toronto, du Conseil des arts du Canada, et du Centre national des Arts. Le deuxième épisode, qui porte sur la façon de trouver des subventions, des outils et des conseils, met en vedette Domanique à titre de panéliste et de chanteuse. Le débat est animé par la première conservatrice de RBC, Corrie Jackson. Les prochains épisodes traiteront de divers sujets d’intérêt, dont la stratégie de marque et la littératie financière. On y présentera des experts de RBC et du milieu des arts et du divertissement.

Domanique n’est certainement pas une inconnue pour RBC. Elle a participé au programme d’entrepreneuriat musical Launchpad RBC, à Artscape, ainsi qu’au programme À l’affiche avec RBCxMusique – une initiative lancée au début de la pandémie, qui soutient les musiciens canadiens de tous genres en leur fournissant du financement, du soutien promotionnel, du mentorat et des occasions de réseautage. Domanique dirige aussi l’initiative « Call a Friend » (CAF), présentée par Objectif avenir RBC, qui permet aux jeunes vivant en HLM d’accéder à la technologie, à la formation professionnelle et au mentorat.

Nous avons eu le plaisir de causer virtuellement avec Domanique, entre autres au sujet de sa musique et de son expérience de l’Académie des artistes émergents RBC et du programme À l’affiche avec RBCxMusique. Lisez notre entretien ci-dessous.

Comment te décrirais-tu comme artiste ?

Je me définirais comme une créatrice et une auteure-compositrice-interprète pop, qui fusionne les influences pop et R&B dans sa musique.

Quelles ont été tes difficultés d’artiste en 2020 ?

Je crois que 2020 m’a forcée à trouver une façon d’offrir une plus-value à mon public pendant cette première pandémie mondiale de la décennie. Il a fallu que je précise mes intentions artistiques et que je trouve des façons d’aider les autres..

Le confinement m’a aussi forcée à réfléchir davantage à mes objectifs, à mon développement personnel et à ma santé mentale.

En tant que panéliste dans le deuxième épisode de l’Académie des artistes émergents RBC, tu partages tes observations avec l’auditoire d’artistes émergents. Qu’aurais-tu aimé savoir à tes débuts dans le milieu de la musique ?

J’aurais aimé que quelqu’un me dise qu’on peut tout apprendre et que la persévérance et la faculté de dire « non » font partie des clés du succès pour les artistes. On est vraiment intimidé quand on entre dans ce milieu à un jeune âge, car beaucoup de gens vous font croire qu’ils savent mieux que vous ce qui vous convient. Aujourd’hui, je sais que mes plus grandes réussites ont été les plus difficiles à obtenir, et ça m’aide à avoir davantage confiance en moi et à réagir différemment au rejet.

J’ajouterais enfin que la santé est votre richesse, et qu’il est extrêmement important pour les artistes de soigner leur santé physique et mentale pour assurer leur longévité. Plus on a de succès, plus on est sollicité, et pour être en mesure de toujours honorer ses engagements et d’offrir une prestation impeccable, il faut d’abord prendre soin de soi.

Qu’as-tu retenu du programme À l’affiche avec RBCxMusique ? Quelle a été ton expérience ?

Le programme À l’affiche avec RBCxMusique a été une expérience formidable. Ç’a été vraiment gratifiant d’être sélectionnée au premier tour parmi des milliers de candidats des quatre coins du Canada. Cette occasion comptait beaucoup pour moi, car nous étions au début de la pandémie, et j’essayais de trouver comment me débrouiller dans l’univers du numérique. Je crois que le programme À l’affiche m’a permis de prendre conscience que ma musique jouait un rôle important à ce moment – le monde était à l’arrêt, et l’expérience des personnes de couleur était au centre des préoccupations. Quand j’ai constaté la proportion de personnes de couleur parmi les candidats sélectionnés, et quand j’ai reçu l’aide financière de RBC, je me suis sentie plus à l’aise de créer du contenu numérique et de chanter en ligne.

Tu diriges aussi « Call a Friend » (CAF). Quel était ton objectif en lançant cette initiative ?

Présentée par Objectif avenir RBC, l’initiative « Call a Friend » repose sur un principe tout simple : si nous ne donnons pas un accès égal à tous les jeunes, les jeunes ne seront pas tous à égalité. Je crois que nous devons d’abord soutenir les jeunes vivant en HLM, qui sont touchés de façon disproportionnée par la COVID-19, que ce soit sur le plan de la carrière ou de la santé mentale. Actuellement, les jeunes peuvent passer de 15 à 24 heures à l’intérieur. À ce confinement s’ajoute le faible accès à la technologie numérique et aux outils professionnels, ce qui empêche les jeunes de participer pleinement au nouveau mouvement vers l’apprentissage, les programmes et le développement de carrière numériques.

L’initiative « Call a Friend » brise l’isolement des jeunes en les aidant à transformer leurs quelque 20 heures d’oisiveté en activité artistique génératrice de revenus. Nous jumelons chaque jeune à un mentor, nous finançons des leçons professionnelles, nous faisons des appels de suivi hebdomadaires, et nous offrons des outils permettant de surmonter les obstacles systémiques. « Call a Friend » fait en sorte que les jeunes issus de collectivités défavorisées ne soient pas laissés pour compte dans la transition vers une économie numérique.

Cette initiative me tient à cœur, car je n’ai pas toujours eu accès aux outils nécessaires pour jouer à armes égales avec les jeunes qui ne connaissent pas d’obstacles systémiques, et il m’a fallu parfois deux fois plus de temps pour arriver au même point qu’eux. Ces inégalités sont présentes dans les milieux scolaires, dans la formation artistique, dans les programmes de développement et sur le marché du travail. La première mesure que nous pouvons prendre, c’est de faire en sorte que tous les jeunes aient accès aux mêmes outils, afin de jouer à égalité.

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