1946 a été sélectionné comme lauréat du premier prix du changement de perspective RBC dans le cadre du Vancouver Queer Film Festival (VQFF).

Cet article a été initialement publié sur RBC Nouvelles et Articles

Au cours de l’été 2018, la cinéaste Sharon « Rocky » Roggio avait entrepris de mener des recherches sur le sujet de son prochain projet, qui portait sur la promotion de l’acceptation des personnes 2SLGBTQIA+, lorsqu’elle s’est retrouvée dans une réunion qui allait changer sa vie.

« Pratiquement toute ma vie, je m’étais employée à trouver un moyen de communiquer avec mes parents réfractaires à l’affirmation. Les mondes de ceux qui grandissent dans l’église et qui s’identifient également 2SLGBTQIA+ ne cadrent pas toujours bien l’un avec l’autre », se rappelle Sharon Roggio.

Ses recherches lui permirent de découvrir l’auteure et intervenante Kathy Baldock, l’une des principales expertes sur les enjeux 2SLGBTQIA+ aux États-Unis. Lorsque Sharon Roggio découvrit que Kathy Baldock séjournerait à Los Angeles en même temps que ses parents, elle estima que s’offrait à elle une occasion unique : « Rassemblons tout le monde dans une même pièce et commençons à filmer. »

Cette rencontre fait désormais partie de ce qui constitue le premier film de Sharon Roggio, le documentaire intitulé 1946: The Mistranslation That Shifted Culture.

Première édition du prix du changement de perspective RBC

1946 a été sélectionné comme lauréat du premier prix du changement de perspective RBC dans le cadre du Vancouver Queer Film Festival (VQFF), un festival de films annuel à l’échelle de la Colombie-Britannique qui s’est donné pour mission de « mettre pleins feux sur les moments transformateurs de la vie des personnes queers, trans et bispirituelles ». RBC est fière d’être le commanditaire de ce prix qui vise à inspirer le changement et à élargir la perception des identités 2SLGBTQIA+.

Comme le souligne Charlie Hidalgo, directeur artistique de l’organisme Out On Screen, qui organise le festival : « Le festival VQFF souhaite inciter les conteurs 2SLGBTQIA+ à se réapproprier le mode cinématographique. Le prix du changement de perspective RBC rend honneur aux cinéastes comme Sharon Roggio, qui se servent de leur art pour déconstruire les stéréotypes nuisibles, libérer notre communauté et remodeler la culture, en plus de les célébrer. »

« Nos médias sont saturés d’histoires simplistes et répétitives portant sur les thèmes de l’adversité et de la résilience, souligne Charlie Hidalgo. Ces trames narratives exacerbent les défis auxquels sont confrontées nos communautés parce qu’elles mettent l’accent sur l’expérience propre aux traumatismes plutôt que sur les gens, les institutions ou les politiques qui continuent de nous nuire. »

Des festivals de films comme le VQFF sont essentiels pour promouvoir la représentation, la visibilité, l’éducation, le renforcement communautaire et l’autonomisation au sein de la communauté 2SLGBTQIA+ et au-delà. Ces festivals de films reconnaissent les cinéastes comme Sharon Roggio afin de contribuer à l’établissement d’un patrimoine culturel plus inclusif et diversifié, en plus d’aider à les soutenir.

Sur la question du soutien, dans sa déclaration de réalisatrice, Sharon Roggio souligne la mesure dans laquelle ce projet a débuté avec des moyens extrêmement limités. « Ce qui débuta avec quelques caméras à l’occasion d’une conférence et sans le moindre budget s’est véritablement transformé en un mouvement que je n’aurais pas pu prévoir. Aujourd’hui, 1946 compte sur une équipe dévouée de bénévoles qui ont consacré leur temps, leur argent et leurs efforts à faire en sorte que ce film puisse se concrétiser. Nous avons reçu des dons importants de particuliers, d’organismes privés, d’églises de même que du financement participatif. La production a été intégralement financée grâce à des dons privés. »

Charlie Hidalgo et Sharon « Rocky » Roggio.

Charlie Hidalgo et Sharon « Rocky » Roggio.

Questions et réponses avec la cinéaste Sharon « Rocky » Roggio

Q : Permettez-nous tout d’abord de vous féliciter. Le jury était intéressé par des œuvres qui remettent en question les idées dépassées qui concernent les personnes 2SLGBTQIA+. Je pense qu’on peut affirmer sans crainte de se tromper qu’il s’agit là d’un énoncé de mission qui convient particulièrement à ce film. Quel est le thème central de 1946 ?

Sharon Roggio : 1946 s’intéresse à la façon dont le mot « homosexuel » est apparu dans les principales traductions de la Bible et les répercussions que cela a eues sur le monde réel. Kathy Baldock fut la première à poser la question suivante : « Qui a inséré le mot « homosexuel » dans la Bible, et pourquoi ? »

Q : D’après les recherches menées par Kathy Baldock, ce mot n’apparaît qu’en 1946, et il s’agirait d’une mauvaise traduction. Racontez-moi ce qui s’est passé lorsque vous avez compris cela. Quelles pensées vous sont alors venues à l’esprit ?

Sharon Roggio : Je me suis dit : « Attendez un moment… quoi ? »

J’avais entrepris ce parcours, alors que je m’efforçais de trouver un contexte d’affirmation. Plusieurs de ces questions relèvent d’interprétations et il s’agit d’un document historique. Peut-être que les êtres humains peuvent commettre des erreurs et avoir suffisamment de dignité et de conscience pour prendre un peu de recul et vraiment se pencher sur cette question puisque la vie de certaines personnes est en jeu.

À titre de cinéaste, j’estimais qu’il était important de rendre cette information accessible à tous. Telle est l’origine de l’histoire. À titre de cinéaste, en tant que fille de pasteur et de lesbienne, il se pourrait fort bien que je me sois préparée accidentellement et sans le savoir à cela toute ma vie durant.

Q : En tant que cinéaste, vous êtes une conteuse. Pourquoi les histoires importent-elles pour la communauté LGBTQIA+ ?

Sharon Roggio : La représentation importe tant pour chacun d’entre nous. Comme nous pouvons le constater dans le film, lorsque j’étais âgée de cinq ans, j’ai vu dans les médias un reportage qui m’expliquait que deux femmes étaient en couple. Si je parvenais à comprendre de quoi il s’agissait… je ne savais pas pour autant de quoi il était question. Je ne peux que m’imaginer ce que cela représente de grandir aujourd’hui et d’observer des personnages 2SLGBTQIA+ alors qu’on sait que cela ne pose aucun problème et que leurs amis les acceptent. Je pense que c’est merveilleux.

Q : Quel type de rétroaction obtenez-vous de la part du public ?

Sharon Roggio : Les personnes qui voient le film en sont très enthousiasmées et nous avons reçu des prix du public dans de nombreuses villes. L’accueil a été absolument extraordinaire.

Lors de l’une des séances de questions et réponses, une personne a pris la parole devant la foule assemblée et a eu l’audace de dire qu’elle éprouvait un sentiment de culpabilité à l’égard de certains de ses comportements envers son frère gai. Ces moments sont vraiment puissants.

Q : Quelle est la prochaine étape en ce qui vous concerne ?

Sharon Roggio : Le prix du changement de perspective RBC m’aidera à poursuivre mon travail.

En ce moment, nous travaillons sur une série de visionnements qui vise à rendre le film admissible aux oscars ; est ensuite prévue une forme quelconque de sortie. Nous mettrons en œuvre notre campagne d’impact, qui inclura un cahier qui contribuera à répondre à certaines des principales questions, ainsi qu’un guide de ressources pour trouver des espaces d’affirmation, recommander des livres à lire et ainsi de suite. De cette façon, nous pourrons rendre le film disponible sous licence dans des établissements d’enseignement et dans des églises.

J’estime que ce film peut contribuer à réorienter notre culture dans une perspective d’amour et d’inclusion, d’égalité et de compréhension à l’échelle mondiale. Nous devons être en mesure de discuter de ces choses, et l’objectif est de proposer des outils pour ce faire.

 Sharon "Rocky" Roggio

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