La Journée du chandail orange a été lancée en 2013 en hommage aux survivants du régime des pensionnats autochtones et à leurs familles, ainsi qu’à la mémoire des enfants qui ne sont jamais rentrés chez eux.

La Journée du chandail orange a été lancée en 2013 en hommage aux survivants du régime des pensionnats autochtones et à leurs familles, ainsi qu’à la mémoire des enfants qui ne sont jamais rentrés chez eux.

En mai 2013, le chef Fred Robbins de la Première Nation d’Esketemc a réuni des chefs, des membres de conseils, des élus, des agents de la GRC, des représentants scolaires, des membres de communautés religieuses ainsi que des résidents autochtones et non autochtones de Williams Lake et de la région de Cariboo dans le cadre du projet de commémoration du pensionnat de la Mission Saint-Joseph. C’est ainsi qu’il voyait la réconciliation : faire en sorte que chacun apprenne ce qui s’était passé dans ce pensionnat et que personne n’oublie, afin de rendre hommage aux survivants, de les aider à se remettre de leurs expériences et, finalement, d’assurer la réconciliation ensemble.

Il a eu cette idée lorsqu’il s’est rendu compte que nombreux étaient les résidents non autochtones de Williams Lake et de la région de Cariboo qui ignoraient totalement que le pensionnat de la Mission Saint-Joseph s’était tenu sur leur territoire. La collectivité devait savoir ce qui s’était passé.

« Les pensionnats sont la cause de tout ce qui est arrivé aux peuples des Premières Nations du Canada », a-t-il déclaré lors d’un des événements reliés au projet. « Les sévices, les abus sexuels, la violence psychologique, la discrimination, le génocide, la trahison : ils sont à l’origine de tout ça. »

On estime que 150 000 enfants autochtones ont fréquenté les pensionnats parrainés par le gouvernement. Les dossiers indiquent que 6 000 enfants sont morts dans ces écoles, mais on pense que beaucoup plus d’entre eux ne sont jamais rentrés chez eux.

Phyllis Webstad, Secwepemc du Nord de la Première Nation Stswecem’c Xgat’tem (bande indienne de Canoe Creek/Dog Creek) et ancienne élève du pensionnat de la Mission Saint-Joseph, a été invitée à prendre la parole lors d’une conférence de presse pour promouvoir les événements du projet de réconciliation. C’est avec courage qu’elle a raconté son expérience personnelle traumatisante.

L’histoire du chandail orange de Phyllis

N’ayant pas l’habitude de parler en public, Phyllis a rencontré son amie Joan Sorley dans un café pour qu’elle l’aide à orienter son discours pour l’événement. Alors qu’elle attendait en file, l’idée lui est venue de raconter son premier jour au pensionnat.

Elle n’avait que six ans en 1973 lorsqu’elle est allée au pensionnat pour la première fois. Comme beaucoup d’enfants, elle était impatiente d’aller à l’école, et sa grand-mère lui avait acheté un nouveau vêtement pour l’occasion.

« Même si elle ne pouvait probablement pas se le permettre, ma grand-mère achetait toujours une nouvelle tenue aux enfants qui allaient à la Mission ; je ne faisais pas exception, a expliqué Phyllis. J’étais vraiment très heureuse. J’ai choisi un chandail orange, flambant neuf, de couleur éclatante. »

Toutefois, à son arrivée au pensionnat, on l’a déshabillée et on lui a retiré son chandail orange, qu’elle n’allait plus jamais revoir.

À compter de ce jour, aux yeux de Phyllis, l’orangé a toujours signifié qu’elle ne valait rien. « La couleur orange m’a toujours rappelé que je n’étais rien, que personne ne se souciait de moi, a-t-elle affirmé. Personne ne se souciait de nos sentiments, donc c’est ce que signifiait l’orangé à mes yeux. »

Lors de son discours dans le cadre de l’événement commémoratif, pour raconter son histoire, elle avait choisi de porter un nouveau chandail orange acheté à sa boutique préférée. « Il m’a fallu 40 ans pour porter à nouveau un vêtement orange. »

Le début d’un mouvement

Phyllis ne voulait pas que l’événement commémoratif marque la fin de son histoire, mais plutôt le début de discussions continues sur les effets dévastateurs des pensionnats. La Journée du chandail orange a été célébrée pour la première fois le 30 septembre 2013 grâce aux efforts de Phyllis Webstad, de Joan Sorley, du chef Fred Robbins et de plusieurs autres ; des événements ont ainsi été organisés dans tout le pays et même au-delà.

Lors de ces événements, des collectivités locales autochtones et non autochtones se sont réunies pour soutenir la création d’un nouvel héritage pour les peuples autochtones. En 2013, dans le cadre de l’événement de la Commission de vérité et réconciliation à Vancouver, 5 000 dépliants mentionnant l’adresse de la page Facebook de la Journée du chandail orange ont été distribués. Grâce à cette page, l’événement a connu une grande popularité dès ses débuts, puis a continué de prendre de l’ampleur chaque année. La page compte aujourd’hui 18 899 abonnés.

« La Journée du chandail orange, qui a lieu le 30 septembre chaque année, permet d’engager la conversation à l’échelle mondiale et de parler des divers aspects des pensionnats indiens, explique Phyllis. C’est une occasion de discuter ouvertement des conséquences du régime des pensionnats et de ce qu’il a laissé dans son sillage. »

Phyllis souligne qu’elle n’est pas la représentante des survivants du régime des pensionnats autochtones, qu’elle ne parle pas en leur nom. Chaque enfant qui a fréquenté un pensionnat peut témoigner de la façon dont il a été dépossédé de ses vêtements, dont ses cheveux ont été coupés, dont ses noms ont été changés.

Elle raconte plutôt sa propre histoire d’une manière posée dans le but de lancer la discussion, ouvrant ainsi la porte pour parler de tous les aspects des pensionnats.

Aujourd’hui, la Journée du chandail orange constitue une occasion de faire participer les gens, les entreprises, les écoles et les collectivités au processus de réconciliation. Grâce à cette journée, les gens commencent à comprendre et à reconnaître les tristes vérités qui ont touché les familles et les collectivités autochtones.

La Journée du chandail orange a également inspiré une nouvelle orientation dans des écoles du Canada, qui ont inclus la vérité sur les pensionnats et le génocide culturel autochtone à leur programme d’enseignement.

Les enfants, acteurs du changement

« Chaque enfant compte », a déclaré le chef Fred Robbins en mai 2013. « C’est à la génération suivante que nous devons commencer à enseigner. Nous devons commencer à créer un nouvel héritage. »

Ainsi, l’année dernière, l’Orange Shirt Society s’est jointe à la Société géographique royale du Canada pour organiser une tournée dans les écoles. Depuis la Colombie-Britannique où elle habite, Phyllis s’est rendue jusqu’en Nouvelle-Écosse à l’est et jusqu’à Whitehorse au nord, traversant le pays pour raconter son histoire.

Son public n’était parfois âgé que de quatre ans. « Je raconte mon histoire à tout le monde, même aux enfants de maternelle, explique-t-elle. Je dis aux plus jeunes que j’avais six ans quand ça m’est arrivé, que j’avais leur âge. »

Raconter continuellement son histoire est difficile, émotionnellement comme physiquement. Même si, cette année, la tournée se déroule en ligne, Phyllis fait des présentations chaque jour de septembre et raconte l’histoire à l’origine la Journée du chandail orange.

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