Phil Fontaine, ancien chef de l’Assemblée des Premières Nations, conseiller spécial de RBC et président de l’entreprise Ishkonigan Inc., discute avec RBC du processus de réconciliation, de l’économie autochtone et du rôle essentiel de la vérité pour aller de l’avant ensemble.

La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, célébrée au Canada le 30 septembre, a pour but de rendre hommage aux enfants autochtones – décédés et survivants – qui ont vécu dans les pensionnats, ainsi qu’à leurs familles et à leurs collectivités. Depuis la toute première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation en 2021, RBC organise un événement permettant de reconnaître le passé et de réfléchir à ce qui peut être fait pour stimuler la réconciliation et l’inclusion économique des peuples autochtones.

En 1990, Phil Fontaine a bouleversé le pays en parlant publiquement de son expérience dans un pensionnat. Cette année, il offre à tous les employés RBC dans l’ensemble du pays ses réflexions sur les progrès réalisés et sur le chemin qui reste à parcourir pour parvenir à la réconciliation.

Le processus de réconciliation à RBC

Conseiller spécial RBC depuis 2009, Phil Fontaine conseille la banque au sujet des questions commerciales qui touchent les peuples autochtones. Le processus de réconciliation est enclenché depuis maintenant 15 ans. M. Fontaine relève quelques points saillants de ce cheminement, qu’il qualifie de fascinant.

« Je pense que le premier événement déterminant a été la publication du rapport “L’inaction coûte cher” de John McCallum. Ce document a mis au défi le pays tout entier, et pas seulement le secteur économique, de réfléchir à sa relation avec les Premières Nations. La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation vise d’abord et avant tout à mettre en évidence les plus grands défis que nous devons relever. »

Fontaine insiste sur certains progrès majeurs accomplis au cours de ses 15 années à RBC. « Les personnes autochtones ont une présence très forte partout à RBC. Je les vois déterminées à changer fondamentalement la manière dont la banque interagit avec les peuples autochtones. L’approche de RBC est courageuse et visionnaire. C’est une institution qui croit au potentiel du changement. »

La visibilité des Autochtones à RBC est importante sur de nombreux plans. « Elle démontre aux Autochtones que RBC prend la question très au sérieux et place les peuples autochtones au cœur de ce processus qui se veut transformateur. C’est un gage important de l’engagement de RBC envers la réconciliation. »

Des cercles d’écoute pour cerner les attentes des leaders autochtones

Les cercles d’écoute avec des leaders communautaires partout au Canada ont donné lieu à la publication en avril de « Réconciliation commerciale : bâtir un meilleur avenir tout en réparant les torts du passé » par l’équipe Leadership avisé de RBC. Phil Fontaine, qui a joué un rôle déterminant dans la tenue de ces tables rondes, fait part de quelques réflexions entendues.

« Les cercles d’écoute permettent aux personnes n’appartenant pas à l’organisation de faire part de leurs expériences et de nous donner des conseils sur ce que la banque peut faire pour offrir plus de soutien, explique M. Fontaine. Il s’agit d’accueillir des messages forts et clairs sur l’évolution de la réconciliation de la part de personnes avec lesquelles nous faisons ou espérons faire affaire. Nous étions là pour écouter, pour recevoir les messages et pour approfondir la relation. »

Selon M. Fontaine, les attentes et les messages exprimés lors de ces tables rondes sont homogènes et sans équivoque. « Les leaders ont dit leur volonté de construire une relation positive, productive, profitable et responsable avec RBC, et qu’ils attendent de la banque qu’elle se montre proactive, ouverte et, dans certains cas, novatrice dans sa manière de traiter avec les Autochtones. Et cela doit se traduire par un soutien aux peuples autochtones dans le cadre de changements concrets. »

Consentement libre, préalable et éclairé : un avantage collectif

Interrogé sur ce que RBC peut faire pour soutenir la croissance économique des peuples autochtones, Phil Fontaine évoque la notion de consentement : « Le consentement préalable donné librement et en connaissance de cause est une composante essentielle de la relation entre les institutions financières comme RBC, les acteurs du secteur économique et toutes ces organisations qui souhaitent s’implanter au sein de nos communautés ».

Fontaine précise qu’auparavant, les entreprises et les autres organisations porteuses d’intérêts financiers se contentaient de s’installer et de travailler sur les territoires autochtones sans prendre en considération l’intérêt des peuples. « À l’époque, les sociétés minières s’installaient là où des gisements conséquents avaient été découverts sans consulter les leaders des Premières Nations du territoire. Il fallait alors rappeler vigoureusement au Canada, aux gouvernements et au secteur privé que les Autochtones ont des droits, et que ces droits s’appliquent non seulement aux zones résidentielles, mais aussi aux territoires traditionnels. »

Lorsque la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones a été adoptée, le consentement préalable donné librement et en connaissance de cause en était l’un des éléments centraux. « Cette notion de consentement signifie que les organisations privées ont la responsabilité morale et sociale d’engager une discussion constructive avec nos communautés avant d’entreprendre des actions de développement, quelles qu’elles soient. »

Les entreprises, les acteurs économiques et les peuples autochtones entrent donc dans une nouvelle phase. Phil Fontaine affirme que l’attitude des peuples autochtones envers le secteur privé a changé : pour la toute première fois, il est question d’équité, de partenariat ou de coentreprise.

« Sans vérité, la réconciliation est impossible. »

Selon M. Fontaine, la réconciliation dépend de la reconnaissance des torts.

« On parle toujours du Canada comme d’une nation composée de deux peuples fondateurs : les Français et les Anglais. Les Premières Nations, elles, sont passées sous silence. Si nous recherchons réellement la réconciliation, nous devrons réparer les torts découlant de la manière dont le Canada a été construit. Il faut commencer à enseigner la véritable histoire du Canada, sinon la quête de réconciliation restera vaine. »

Fontaine a salué la création par RBC du Bureau de la vérité et de la réconciliation dont le mandat consistera à promouvoir le cadre de réconciliation et à l’intégrer dans l’ensemble de ses unités opérationnelles et fonctionnelles. « RBC a fait un choix très important en créant ce bureau. Elle dit au pays tout entier : “nous acceptons notre responsabilité et notre devoir de faire en sorte que la vérité soit dite”. C’est un message percutant que RBC envoie à l’ensemble du Canada. »

À l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le plus grand souhait de Phil Fontaine est que le rôle et la place des peuples autochtones dans ce pays soient reconnus. « Nous devons continuer de rappeler aux Canadiens qui nous sommes et ce que nous représentons afin d’être respectés. Nous sommes les premiers peuples. Lorsque l’on parle de réconciliation, on parle de notre volonté de partage avec le reste du pays ; nous espérons que cette démarche sera accueillie dans le même esprit que celui dans lequel elle est proposée. »

Le processus de réconciliation est sur point de prendre un nouveau tournant centré sur la vérité et sur le souhait d’avancer ensemble vers un objectif commun. « Nous savons tous que ce ne sera pas facile, affirme M. Fontaine. Mais c’est parfaitement atteignable si l’on collabore. »

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