Présent à l’échelle mondiale, le groupe-ressource d’employés Mosaïque RBC a pour mission de promouvoir la diversité culturelle. Fouzia Younis lui a accordé une entrevue à l’occasion d’un événement spécial.
À l’occasion de la Journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement, des employés de RBC du monde entier se sont réunis pour discuter du pouvoir de la diversité, inspirer la créativité et l’innovation, et promouvoir une société plus inclusive.
Présent à l’échelle mondiale, le groupe-ressource d’employés (GRE) Mosaïque RBC compte plus 7 000 membres. Il a pour mission de promouvoir la diversité culturelle par la sensibilisation à l’importance de la communication ouverte, de l’empathie et du respect. Pour souligner cette journée mondiale, il a accueilli Fouzia Younis, MBE et consule générale de la Grande-Bretagne à Toronto et première musulmane britannique à occuper un haut poste au sein de la diplomatie britannique. Lors d’une entrevue avec Desiree Clarke Noble, de RBC, la consule générale Younis s’est exprimée sur les façons de vaincre les obstacles ainsi que sur son expérience en tant que leader et défenseure de la diversité et de l’inclusion.
Q : À quoi ressemble une journée typique, en tant que consule générale de la Grande-Bretagne à Toronto ?
Consule générale Younis : ‘À titre de plus haute représentante du Royaume-Uni auprès du gouvernement ontarien, je suis responsable de la portée et de l’étendue de la relation qu’entretient le Royaume-Uni avec la province. Par exemple, je veille au maintien de nos relations commerciales, très dynamiques ; à l’établissement de relations entre personnes de pays du Commonwealth ; à l’offre de services consulaires aux nombreux Britanniques qui résident en Ontario ; ou encore à l’atteinte de nos objectifs de politique étrangère, comme ceux qui ont trait aux changements climatiques. Mes journées ne se ressemblent pas.
Q : Petite-fille d’immigrants et première personne de votre famille à étudier à l’université, vous avez grandi à Stourbridge, dans les Midlands de l’Ouest, en Angleterre. Y a-t-il eu un moment clé qui vous a aidé à trouver votre passion et à amorcer votre formidable parcours professionnel ?
Consule générale Younis : Tout a commencé par un crayon. La diversité n’était pas très présente à l’école que je fréquentais, et je n’étais jamais allée en vacances à l’extérieur de mon milieu. En novembre, lorsque j’avais environ neuf ans, le professeur, de retour des États-Unis, m’avait rapporté un crayon – un crayon sur lequel on voyait une image sur le thème de l’Halloween. C’était le premier cadeau provenant d’un autre pays que je recevais. Je me revois en train de regarder ce crayon, en me disant que ce n’était que dans des films que j’avais vu des gens célébrer l’Halloween. Je me suis dit : « Je veux être exploratrice ; je veux voyager et rencontrer des gens de divers horizons, et prendre part à diverses célébrations dans le monde entier ». Cela a été un moment déterminant pour moi.
Q : Au début de votre carrière, vous avez été stagiaire au Haut-commissariat britannique en Inde. Quels souvenirs avez-vous de cette période ?
Consule générale Younis : J’avais 19 ans lorsque j’ai été affectée à un poste en Inde. Pour la première fois de ma vie, je pouvais porter des jeans – quelque chose que mes parents ne me permettaient pas de faire. C’était avant l’arrivée des sites de réseaux sociaux. Je pouvais donc faire ce qui me plaisait sans avoir à m’inquiéter du fait que cela pouvait être diffusé.
Cela m’a aussi donné l’occasion d’explorer mes origines ancestrales en Inde britannique. J’ai été frappée de voir que nombre de mes collègues étaient étonnés de constater à quel point l’héritage colonial en Inde avait encore de l’importance. J’étais la seule personne présente dont les origines étaient représentatives de la diversité – une Britannique, mais de descendance sud-asiatique. Je leur expliquais que bien que l’histoire coloniale n’était pas beaucoup enseignée dans nos écoles, cette période de l’histoire britannique a gardé beaucoup d’importance dans des pays comme l’Inde, le Pakistan ou le Bangladesh. Cela a été un moment clé dans ma carrière – le fait de représenter la Grande-Bretagne moderne et riche en diversité sur la scène mondiale.
Q : Précédemment, vous avez mentionné que personne ne vous ressemble, dans votre milieu. Le thème d’aujourd’hui porte sur les façons de vaincre les obstacles. Qu’est-ce qui vous a motivée à poursuivre dans votre voie et à vaincre les obstacles ?
Consule générale Younis : J’avais 21 ans lorsque je suis entrée au service du Foreign Office. Sur les murs des pièces dans lesquelles j’entrais se trouvaient des photos de dirigeants coloniaux qui avaient gouverné mes ancêtres – généralement, des hommes blancs, issus d’un certain milieu. Personne qui me ressemblait.
Pour moi, c’était difficile, car ainsi, je n’avais pas de modèle à suivre sur la voie de la réussite. J’ai alors réalisé que quelque chose devait changer. Bien que parfois, je ne me sentais pas vraiment à ma place, je savais que l’époque des dirigeants coloniaux était depuis longtemps révolue, et que j’étais bel et bien à ma place. Je devais également m’assurer que je ne serais pas la dernière personne comme moi à occuper les fonctions que l’on m’avait confiées, et que les personnes qui me succéderaient se sentiraient elles aussi à leur place.
Q : Vous avez mentionné que vos parents, en particulier votre mère, ont été une grande source d’inspiration pour vous. Quels conseils de votre mère mettez-vous en pratique, dans votre carrière et dans votre vie personnelle ?
Consule générale Younis : À son arrivée au Royaume-Uni, ma mère n’avait jamais fréquenté l’école. Âgée de 17 ou 18 ans à l’époque, elle était une jeune mariée qui avait fait de ce pays son foyer. L’un des meilleurs conseils qu’elle m’ait donnés, c’est d’atteindre l’autonomie, en particulier l’autonomie financière. Elle me disait : « En étant autonome financièrement, tu peux faire tout ce que tu veux, sans avoir à dépendre des hommes de ta famille ».
Quand j’ai travaillé dans des pays comme le Pakistan, l’Inde et le Bangladesh, j’ai gardé ce conseil à l’esprit. Car dans des pays comme ceux-là, il est non seulement important d’assurer l’éducation des filles, mais aussi de veiller à ce que cette éducation soit mise à profit.
Q : Vous exercez vos fonctions à Toronto depuis un peu plus d’un an. Nous savons qu’en matière de style de leadership, les préférences varient selon les cultures. De quelle façon avez-vous dû adapter votre style de leadership au Canada ?
Consule générale Younis : Je crois que dans son style de leadership, on doit toujours démontrer que l’on est authentique et fidèle à soi-même. Comme le Royaume-Uni, Toronto est un endroit qui se démarque par sa riche diversité – et c’est quelque chose que j’adore. À mon avis, c’est la ville la plus riche au monde sur le plan de la diversité, et je m’y sens chez moi. À notre bureau, notre personnel est composé de gens de 12 nationalités différentes. On y parle plus de 17 langues. Mon style de leadership est le reflet de ma personnalité – celui d’une personne qui valorise la bonté, l’empathie, la confiance, le respect des différences, l’excellence et la collaboration.
Autres points de vue et leçons de vie de la consule générale Fouzia Younis
Riche d’un vaste éventail d’expériences acquises dans de nombreux pays, la consule générale Younis agit en défenseure de la diversité et de l’inclusion, partout où elle va. En réponse à des questions d’employés de RBC, elle offre les conseils et messages suivants :
- Exprimez votre vulnérabilité: Il est important d’exercer un leadership authentique. Si vous n’êtes pas fidèle à vous-même et à vos valeurs, cela se remarque rapidement.
- Faites de la promotion de la diversité votre responsabilité – quel que soit votre rôle dans une organisation: Cela n’incombe pas qu’aux Ressources humaines – soyez un agent de changement au sein de vos équipes.
- Ne vous sentez pas responsable si vous êtes victime de discrimination: Il incombe aux autres de bien traiter leurs semblables.
- Parlez à tout le monde: Surtout si vous êtes en train de vous intégrer à un nouveau pays, à une nouvelle ville ou à un nouvel emploi. On ne sait jamais à quoi une conversation peut mener.
- Faites de l’égalité un objectif: Faites connaître vos opinions et servez-vous de votre position pour faire changer les choses.
Comme le démontre la consule générale Younis – par son dynamisme, ses gestes de sensibilisation et son remarquable parcours professionnel –, les petites choses comptent. Si un crayon peut inspirer quelqu’un à devenir un puissant agent de changement, toute personne peut vaincre les obstacles par des gestes simples. À l’occasion de la Journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement – et à quelque moment que ce soit – faire un geste pour promouvoir la diversité et l’inclusion peut changer les choses pour les gens de votre entourage et ceux qui vous succéderont.
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