Chef de la direction du Festival international du film de Toronto (TIFF), Cameron Bailey nous raconte son expérience en tant que seul étudiant noir de sa classe, décrit l’équilibre qu’il s’efforce de trouver entre sa propre intégration et sa culture, et explique le pouvoir des films de susciter l’empathie, d’offrir des perspectives différentes et de célébrer la diversité.
Le Mois de l’histoire des Noirs est l’occasion de reconnaître les réalisations des Noirs partout dans le monde et de trouver des moyens de continuer à améliorer l’équité. Il s’agit d’un moment consacré à la sensibilisation, à une meilleure compréhension, au renforcement des alliés et à la promotion d’un environnement plus inclusif pour un groupe de personnes qui se sentent souvent peu écoutées, invisibles et sous-estimées. Plus qu’une célébration, c’est l’occasion de lancer des conversations constructives sur l’équité raciale et la justice sociale.
Chaque année, RBC organise un événement à l’échelle de l’entreprise pour souligner le Mois de l’histoire des Noirs. Récemment, des milliers d’employés de partout dans le monde se sont regroupés pour entendre Cameron Bailey, chef de la direction du TIFF, parler de ses perspectives et de ses expériences uniques à la tête de l’une des marques les plus puissantes et les plus emblématiques du Canada.
Le point de vue unique d’un « étranger »
Le Festival international du film de Toronto est l’un des plus grands festivals de films ouverts au public au monde et l’une des plus importantes marques culturelles au Canada. Sous la direction et l’orientation stratégique de M. Bailey, le festival a pris de l’ampleur et de l’importance d’année en année. Il attribue une partie de sa réussite professionnelle à la perspective particulière qu’il a cultivée en tant « qu’étranger », y compris sa capacité à comprendre les gens, à découvrir des films qui trouveront écho auprès du public et à persuader les nombreux intervenants avec lesquels il traite dans le cadre de ses fonctions.
« Je pense que d’avoir été un étranger pendant la majeure partie de ma vie m’aide à déchiffrer les gens, puisque je ne projette pas ma propre personne sur le monde. Je suis constamment à l’affût des signaux implicites que m’envoient les gens et me permettent de comprendre ce qui se passe réellement avec eux. Quel est le ton employé ? Comment change-t-il, selon ce qui se dit ou ne se dit pas ? C’est ce que je cherche toujours à savoir. »
Né à Londres, en Angleterre, Bailey est parti vivre à la Barbade avec sa famille à l’âge de quatre ans avant d’émigrer au Canada dans les années 1970. « C’était difficile, qualifie-t-il le fait d’être le seul Noir de sa classe. Certains jours, les autres enfants me pourchassaient dans la cour d’école et me traitaient de noms qui ne se disent plus aujourd’hui, mais j’ai beaucoup appris. J’ai appris comment m’intégrer sans rejeter ma culture. Toute ma vie par la suite, j’ai veillé à conserver cet équilibre. »
Bailey a également réussi à surmonter la discrimination raciale grâce à deux découvertes qu’il a faites à l’université. La première a été l’écriture, qu’il a commencé à explorer en participant au journal étudiant de l’Université de Western Ontario, et la seconde a été le cinéma, la première fois qu’il a vu un film autre qu’une production hollywoodienne. « C’était ma première initiation aux films dont les idées et les concepts n’avaient pas seulement pour but de stimuler », explique-t-il. C’est ce qui a inspiré M. Bailey à écrire sur le cinéma, ce qui lui a éventuellement valu son premier emploi au TIFF, où il a entamé sa carrière en tant que l’une des personnes responsables de sélectionner des films pour le festival.
La mission du TIFF : Transformer, au moyen du cinéma, la façon dont les gens perçoivent le monde
Le TIFF, qui en est actuellement à sa 49e année, avait initialement pour objectif d’amener à Toronto les meilleurs films provenant d’autres festivals. À cette époque, le festival (alors appelé le Festival des Festivals) bâtissait progressivement son public à Toronto. À l’heure actuelle, il s’agit de l’un des publics de cinéma les plus influents au monde.
« Nous sommes chanceux, car Toronto est une ville cosmopolite où la population est curieuse et a très bon goût », affirme M. Bailey. Habituellement, le TIFF projette des films d’environ 70 pays différents chaque année. « Cette formule fonctionne parce que notre public, dont plusieurs membres ont des racines dans d’autres parties du monde, veut voir des films de 70 pays différents », poursuit le chef de la direction.
L’une des pierres angulaires du TIFF, la célébration de la diversité s’étend bien au-delà des pays d’où les films sélectionnés proviennent. M. Bailey explique que sur le plan cinématographique, la diversité et l’accès concernent ceux qui jouent dans le film, ceux qui voient le film et les histoires qui sont racontées. « C’est une question d’appartenance avant tout », dit-il, mentionnant que le TIFF a récemment renommé son plus grand cinéma Cinéma Viola Desmond à la maison du cinéma TIFF Lightbox en hommage à la courageuse jeune femme qui a défié les règles de la ségrégation raciale dans un cinéma de Nouvelle-Écosse en 1946. Refusant de quitter une section réservée aux Blancs, Mme Desmond a contribué à la naissance du mouvement des droits civils modernes au Canada. « Viola Desmond souhaitait être traitée de la même manière que les autres membres du public de cinéma, raconte M. Bailey. Elle ne pouvait pas s’asseoir où elle le souhaitait et, à cette époque, elle voyait peu de gens qui lui ressemblaient dans les films qui prenaient l’affiche.
En présentant des films qui racontent l’histoire de personnes et de lieux de partout dans le monde, le festival assure une représentation significative. « Évidemment, chaque film ne doit pas refléter l’expérience de chacun, puisque ce n’est pas possible, concède M. Bailey. Par contre, nous avons longtemps été conditionnés à considérer l’homme blanc hétérosexuel comme le héros du film. Pourtant, le fait d’avoir un protagoniste ou un point central différent permet de raconter divers types d’histoires. Selon moi, le fait d’évoluer pour aller vers ces histoires diversifiées est bénéfique pour tous, et c’est notamment ce que nous nous efforçons de faire dans le cadre du TIFF. »
La mission du TIFF est de transformer, au moyen du cinéma, la façon dont les gens perçoivent le monde. « Le film est un moyen de communication puissant qui peut pousser l’auditoire à remettre en question ses perspectives et à envisager une société plus juste et équitable. Le cinéma peut servir de plateforme à ceux qui ne sont autrement pas entendus. Il peut aussi donner aux gens des occasions de développer davantage leur empathie envers des personnes qui ne leur ressemblent pas à première vue, soutient M. Bailey. Le chef de la direction du TIFF croit qu’en voyant les histoires de personnes qui vivent dans une autre région du monde ou dans une époque que nous ne connaîtrons jamais, ou qui ont tout simplement une expérience de vie et des priorités différentes, nous pouvons tous faire preuve de plus d’empathie. « Je suis convaincu que cela peut mener à un monde meilleur. »
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