Le 7 février 2022, le Canada a perdu une militante des droits civiques, une porte-parole dynamique dotée d'une personnalité étincelante : Wanda Robson, sœur cadette de Viola Desmond, est décédée à l'âge de 95 ans. Sa détermination, sa gentillesse et sa générosité resteront gravées dans les mémoires
Alors que le Mois de l’histoire des Noirs tire à sa fin, RBC rend hommage à Wanda Robson ainsi qu’à sa sœur Viola Desmond, dont elle a perpétué la mémoire pendant de nombreuses années. Au cours de la prochaine année, nous invitons tous les Canadiens à réfléchir au travail qu’ont accompli ces deux extraordinaires militantes des droits civiques qui, à leur manière, ont lutté pour la justice et l’égalité.
Wanda Robson était la sœur cadette de la regrettée militante des droits civiques Viola Desmond, qui, en 1946, a défié la ségrégation raciale dans un cinéma de New Glasgow, en Nouvelle-Écosse. Viola, qui était noire et qui a refusé de quitter une section du cinéma réservée aux Blancs, a été arrêtée, a passé une nuit derrière les barreaux et a été condamnée sans représentation pour une obscure infraction fiscale. Sa lutte contre l’injustice a contribué à mettre un terme à la ségrégation en Nouvelle-Écosse, et la détermination de sa sœur a permis de faire connaître son histoire.
« En tant que sœur cadette de Viola, Wanda s’est donné pour mission de faire connaître son histoire », raconte Colleen Doyle, directrice de la succursale RBC de North Sydney, en Nouvelle-Écosse, qui entretenait une relation étroite avec Wanda et son mari, Joe. « Sa personnalité la poussait à vouloir faire connaître cette histoire ; elle était toujours très fière de parler de Viola. »
En plus de sensibiliser le public à l’acte courageux de Viola, Wanda espérait faire en sorte que sa sœur soit innocentée. Grâce au travail de Wanda, en 2010, l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse a accordé à Viola un pardon absolu à titre posthume par prérogative royale de clémence, le premier accordé au Canada. C’est la lieutenante-gouverneure Maryann Francis, elle-même noire, qui a accordé le pardon. Dans une vidéo présentée au Musée canadien pour les droits de la personne, elle déclare : « Il a fallu 65 ans pour qu’une femme de couleur libère une autre femme de couleur. »
Mais l’œuvre de Wanda ne s’est pas arrêtée là. Grâce à ses efforts, en 2016, la Banque du Canada a annoncé que Viola Desmond serait la première femme canadienne à figurer au recto d’un billet de banque. Le billet de 10 $ a été dévoilé le 19 novembre 2018 : il met en scène Viola, une carte du quartier du nord d’Halifax où elle a vécu et travaillé toute sa vie, ainsi qu’un extrait de la Charte canadienne des droits et libertés.
Une militante à part entière
En plus d’être connue comme la petite sœur de Viola Desmond, Wanda Robson était auteure, défendait ardemment les droits de la personne et faisait de l’éducation de proximité de manière remarquable. Elle était également connue pour sa force morale, sa détermination et son énergie à toute épreuve. En 2004, à l’âge de 76 ans, elle a obtenu un baccalauréat ès arts de l’Université Cape Breton, réalisant ainsi le rêve qu’elle avait toujours caressé de faire des études universitaires. De nombreuses personnes qui l’ont côtoyée durant ses études la considéraient comme une amie et une mentore. En outre, elle a reçu un doctorat honorifique. En 2010, elle a écrit son autobiographie Sister to Courage afin d’honorer la mémoire de sa sœur, dont elle a été la meilleure porte-parole pendant des dizaines d’années, prononçant des discours dans plusieurs établissements d’enseignement de la Nouvelle-Écosse et ailleurs au pays. Alors qu’elle avait déjà plus de 80 ans, elle racontait avec passion l’histoire de Viola, faisant ainsi connaître son influence et sa contribution.
Militante à part entière, Wanda Robson a également siégé pendant trois mandats au Conseil consultatif sur la condition féminine de la Nouvelle-Écosse et a assumé plusieurs rôles de direction pour les Guides du Canada pendant 25 ans. En 2021, elle a reçu l’Ordre de la Nouvelle-Écosse en tant que figure de proue de la collectivité afro-néo-écossaise.
« Comme tant de défenseurs de la justice sociale, Wanda croyait en l'idéal du 'un de ces jours'. C'est d'ailleurs ce qui l'a poussée à s'assurer de faire connaître une partie de l'histoire du Canada qui, autrement, n'aurait peut-être pas été connue. Wanda nous a permis de mieux comprendre que la vérité, aussi peu glorieuse soit-elle, peut nous unir au sein d'une cause commune, vers une plus grande inclusion. Elle nous a rappelé que pour remédier aux problèmes, il faut d'abord en parler », a déclaré Mark Beckles, vice-président, Innovation et impact sociaux RBC.
En 2021, pour soutenir ses étudiants afro-néo-écossais, l’Université Cape Breton a annoncé la création de la bourse d’études Wanda Robson, financée par un généreux don du fonds Jeannine Deveau Achievement Fund. « C’est à la demande de l’équipe du fonds que nous avons donné à cette bourse d’études le nom de Wanda, en raison de la forte concordance de leurs valeurs, explique Sara Burke, vice-présidente du développement à l’Université Cape Breton. Son travail acharné et son dévouement à l’éducation et à la justice sociale sont une source d’inspiration et de motivation pour les étudiants afro-néo-écossais dans leur propre cheminement. »
Même si donner à la bourse d’études le nom de Wanda allait de soi, cette dernière a été émue par cette décision. « J’étais présente le jour où nous avons annoncé à Wanda que cette bourse d’études porterait son nom, et je n’oublierai jamais ce moment, ajoute Mme Burke. Pendant tant d’années, elle a témoigné de la persévérance et de la résilience de sa sœur. Maintenant, c’est cette bourse d’études et son lien avec l’Université Cape Breton qui continue de raconter l’histoire de Wanda et l’héritage qu’elle a légué. » La bourse d’études sera décernée chaque année à un Afro-Néo-Écossais qui incarne le leadership en jouant un rôle actif dans la collectivité, en participant à des activités étudiantes ou en pratiquant des sports.
Sans les efforts de Wanda, l’histoire de Viola serait restée méconnue, et le billet de 10 $ n’aurait pas été émis pour illustrer son combat pour la justice. Wanda est reconnue pour sa détermination et ses actions visant à faire connaître l’histoire, mais on se souvient également d’elle pour sa gentillesse, sa générosité, sa détermination et son sens de l’humour espiègle.
À juste titre, sa chanson préférée était A Change Is Gonna Come de Sam Cooke. Il lui arrivait d’ailleurs d’en citer les paroles : « Les choses vont finir par changer. Il faut rester patient. Ne jamais abandonner. Ne jamais abandonner. » [Traduction libre] L’exemple de Wanda prouve qu’avec de la persévérance, de l’énergie et une foi inébranlable en sa mission, le changement est bel et bien possible.
Toute personne désirant rendre hommage à Wanda Robson peut le faire en versant un don à la bourse d’études Wanda Robson de l’Université Cape Breton : cbu.ca/donor/donate-now.
Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.