Deux visionnaires déterminés peaufinent une formule éprouvée en vue d'aider les jeunes et les professionnels noirs à contribuer à l'essor du secteur canadien des technologies.

Cet article a été initialement publié sur Découverte et apprentissage.


Alors que le Canada tente de se rétablir du dernier ralentissement économique, des experts optimistes entrevoient une reprise alimentée par le secteur des technologies. Deux entrepreneurs noirs s’emploient à faire en sorte que les Noirs de talent puissent participer à armes égales à l’avenir technologique du pays.

Au Canada, le dynamisme du secteur des technologies ne fait pas de doute. Par exemple, l’Innovation Economy Council – une coalition de centres d’innovation, dont DMZ et MaRS – rapporte que depuis 10 ans, la conception de systèmes informatiques a créé trois fois plus d’emplois que le secteur de l’automobile de l’Ontario. De son côté, le Brookfield Institute for Innovation and Entrepreneurship indique que le secteur des technologies génère 7,1 % du PIB du Canada. Enfin, le Toronto Star relate que 11 entreprises canadiennes figurent au classement Global Cleantech 100. De plus, les experts prédisent qu’au moment de la reprise économique, le secteur des technologies produira la proverbiale « marée montante qui soulève tous les bateaux ».

Lekan Olawoye et Tamar Huggins Grant soulignent toutefois que les professionnels noirs n’ont pas toujours la vie facile dans ce secteur. Les résultats d’une étude réalisée en 2016 révèlent que les Noirs comptent pour seulement 2,6 % de l’effectif du secteur canadien des technologies, et qu’ils sont les moins bien payés. Lors d’un sondage réalisé par le spécialiste de la recherche d’emploi Indeed, 32 % des répondants ont affirmé souffrir de discrimination en milieu de travail. M. Olawoye et Mme Huggins Grant ont donc mis sur pied des entreprises distinctes pour s’attaquer à ces problèmes.

Créer des possibilités de carrière pour les Noirs dans le secteur des technologies

« Les programmes traditionnels destinés aux minorités visibles n’ont pas profité aux professionnels noirs. L’inclusion fonctionne quand les décideurs comprennent l’accablement social des Noirs, reconnaissent la valeur des talents disponibles, et offrent des perspectives de carrière véritables », affirme Lekan Olawoye, fondateur et directeur général de Black Professionals in Tech Network (BPTN).

Né au Nigéria de parents canadiens, M. Olawoye a immigré au Canada à l’âge de huit ans avec sa mère qui était veuve. Il a grandi à Rexdale. Après une maîtrise à l’Université de Toronto, Lekan Olawoye a travaillé dans les secteurs des services sociaux, de la fonction publique et de l’innovation, avant de lancer son entreprise en 2017. « BPTN crée des débouchés pour les Noirs talentueux du secteur des technologies, en développant leurs réseaux, en facilitant le parrainage par des dirigeants, et en faisant la promotion de l’apprentissage et du perfectionnement. Les entreprises de technologie du Canada font appel à BPTN pour recruter des Noirs de talent, pour promouvoir leur offre et pour conserver leur personnel. »

BPTN – un réseau de 30 professionnels du Canada et des États-Unis – met en contact les dirigeants et les professionnels noirs du secteur des technologies : ses réseaux de dirigeants (Executive Networks) développent les cercles de relations ; ses classes de maître (Masterclasses) font connaître les employeurs ; ses cercles de conversation pour dirigeants (Leadership Conversation Circles) familiarisent les employeurs avec l’expérience des Noirs ; et ses tables rondes sur le recrutement (Talent Acquisition Roundtables) permettent de se renseigner et d’échanger sur les meilleures pratiques.

Éduquer les étudiants pour assurer leur réussite dans le secteur des technologies

Tamar Huggins Grant a fondé Tech Spark en 2015. Il s’agit de la première école canadienne axée sur l’autonomisation des Noirs, notamment les femmes et les jeunes, par la formation technologique. Mme Huggins Grant déclare que la mission de Tech Spark lui est apparue évidente lorsqu’elle a découvert que les femmes ne comptent que pour 23 % des diplômés en science, en technologie, en ingénierie et en mathématiques (STIM), les femmes noires ne comptant que pour 2,9 %.

« Les jeunes et les femmes de la communauté noire doivent acquérir les compétences nécessaires pour être à la hauteur dans une société technologique, affirme Tamar Huggins Grant, qui, à l’âge de 16 ans, a découvert sa passion pour la technologie en faisant de la programmation avec l’ordinateur construit à la main par son père. Après des études en publicité au collège Centennial, elle s’est lancée dans un parcours d’entrepreneure qui a abouti à la fondation de Tech Spark. « La technologie, l’entrepreneuriat et la littératie financière vont aider les jeunes et les femmes de la communauté noire à connaître le succès en tant que créateurs et innovateurs. »

Bâtir une filière de talents pour le secteur des technologies

Avec son équipe centrale de 10 professionnels, Mme Huggins Grant bâtit une filière de Noirs talentueux afin d’alimenter le nouvel écosystème mis sur pied par Lekan Olawoye. Tech Spark a d’abord organisé des ateliers pour les jeunes, ainsi que des camps de la relâche scolaire axés sur la programmation, les jeux, et la conception de l’expérience utilisateur. Aujourd’hui, Tech Spark collabore avec des conseils scolaires et des enseignants de Durham, de Toronto, de Peel et d’Ottawa, afin d’engager des jeunes dans un programme d’études culturellement pertinent et axé sur l’entrepreneuriat et la technologie. La Banque Royale du Canada (RBC) appuie la stratégie de Tech Spark en rendant la littératie financière accessible aux jeunes.

Sur l’Horizon

Olawoye mentionne qu’il apprécie les nombreux professionnels noirs que BPTN a aidés à occuper des postes de direction. De plus, BPTN a récemment annoncé, en partenariat avec RBC, le lancement du plus important réseau de professionnels en technologie noirs en début de carrière au Canada. Tamar Huggins Grant compte bien développer Tech Spark afin de pouvoir toucher 70 000 étudiants et 2 000 enseignants à l’échelle nationale. Elle explore aussi les innovations dans le domaine de la réalité virtuelle, afin d’améliorer l’enseignement et de mobiliser davantage les étudiants. Entre-temps, le Toronto Star rapporte qu’au Canada, les programmes STIM sont plus populaires que tous les autres programmes postsecondaires. En 2018, 34 % des emplois étaient liés aux STIM, contre 28 % en 2000. Et la tendance se maintient. « Pour réussir, il faut de la préparation et des occasions, dit Tamar Huggins Grant ; pour que l’avenir des Noirs dans le secteur des technologies soit plus radieux, il faut d’abord l’imaginer. »


Garth Hardie, stratège en communications, a dirigé la publication du journal Contrast et du magazine WORD.

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