Frederick Dryden est arrivé de la Jamaïque avec sa famille à l'âge de 11 ans. Ayant connu des problèmes de toxicomanie, de délinquance et d'itinérance, il a voulu aider les jeunes de sa collectivité aux prises avec les mêmes défis. C'est une rencontre avec un jeune en détention qui l'a inspiré à fonder son organisme.

Après une jeunesse difficile marquée par l’itinérance, Frederick Dryden ressentait le besoin d’aider les jeunes à risque à se reprendre en main. L’ayant été lui-même, il savait à quel point il peut être difficile de remonter la pente. En 2002, il a donc commencé à rendre visite à des jeunes dans un centre de détention. C’est au fil de ces visites que Frederick a pris conscience de son don pour le mentorat : à chacun de ses retours au centre, les jeunes venaient à lui.

En 2003, le premier jeune qu’il épaulait a été libéré et placé dans un établissement de garde en milieu ouvert. Or, les membres du gang auquel ce jeune avait appartenu avant son incarcération le relançaient, risquant de le replonger dans la délinquance. « Ses parents m’ont invité à les rencontrer et m’ont demandé si je serais disposé à devenir son tuteur légal », explique Frederick. À cette époque, il venait tout juste de se fiancer avec Tanya, avec qui il est aujourd’hui marié depuis 17 ans. « J’ai discuté avec Tanya, qui m’a simplement dit : “Pourquoi pas ? Tu as passé deux ans de ta vie avec lui. » Elle l’a même invité à participer à notre mariage. »

Durant les deux années qui ont suivi, Frederick a ouvert sa maison à 13 jeunes. (Il était aussi père d’une adolescente, en plus des trois fils qu’il a eus avec Tanya.) Après un certain temps, constatant qu’ils auraient besoin de soutien financier pour poursuivre ces activités de mentorat, Tanya a suggéré la tenue d’un dîner-bénéfice. À cette époque, Frederick donnait bénévolement de son temps depuis deux ans sans rémunération. Les finances du couple en souffraient.

Ils ont donc organisé un dîner en vue de recueillir 5 000 $, mais comme ils s’y connaissaient peu en matière de collecte de fonds, ils n’ont pas atteint leur objectif. Invité au dîner, le directeur de la succursale locale de RBC, Brian Osborne a contacté Frederick pour lui remettre un chèque de 5 000 $ afin de l’aider à poursuivre son travail.

« RBC a été la première société à nous faire un don, et ça a contribué à me donner confiance, en plus de rassurer ma femme. C’est à ce moment que j’ai réellement cru que nous pouvions changer les choses. Ça a conforté ma vision et mon rêve », affirme-t-il.

Ce financement a inspiré Frederick à mettre sur pied un organisme en bonne et due forme. Liberty For Youth (LFY) a officiellement vu le jour en 2004.

« J'ai rencontré Frederick pour la première fois quand il est venu à notre succursale Upper James et Mohawk, à Hamilton, pour demander à parler au directeur. En tant que directeur de la succursale, je recevais souvent des clients qui souhaitaient discuter du parrainage d'une collecte de fonds ou d'un événement local. Cette visite n'avait donc rien d'inhabituel. Toutefois, si vous avez déjà rencontré Frederick, vous savez qu'il est hors de l'ordinaire. Il venait à peine de démarrer Liberty For Youth au moment de notre rencontre, mais sa passion pour les jeunes et la conviction avec laquelle il menait sa démarche étaient contagieuses. Il n'a jamais été difficile de vouloir le soutenir, mais lorsque j'ai appris à le connaître, que j'ai vu le travail qu'il accomplissait et rencontré les jeunes qu'il aidait, j'ai compris sa vision pour Liberty For Youth et j'ai adhéré pleinement à son projet. Le jour où RBC a décidé de parrainer cette cause, j'ai ressenti une grande fierté en tant qu'employé d'une société qui a vraiment à cœur de contribuer à la réussite des clients et à la prospérité des collectivités. Et depuis 2006, nous continuons de soutenir le travail de LFY par le bénévolat d'employés locaux et des dons totalisant plus de 250 000 $ au fil des ans. » - Brian Osborne, directeur général, Conception des rôles, SBPE.

Liberty for Youth

Aujourd’hui, Liberty For Youth est un organisme de bienfaisance sans but lucratif qui propose des programmes de mentorat axés sur la prévention et l’intervention. LFY offre du soutien aux jeunes de 12 à 25 ans et aux anciens participants de plus de 25 ans de la région d’Hamilton qui adoptent des comportements criminels ou qui sont à risque de le faire.

Sa mission est d’aider les jeunes à opérer un changement de comportement permanent en les amenant à forger leur propre caractère, à développer des compétences de vie et de leadership, et à devenir des membres constructifs de la collectivité.

« Dans la rue, j’ai côtoyé des mentors qui ont profité de ma vulnérabilité, explique Frederick. Ayant déjà été confronté à ce type de manipulateur, je savais que Liberty For Youth devait aider les jeunes à se forger leur propre caractère. Je crois qu’avec un caractère fort, on peut tout surmonter. » Le modèle de mentorat intensif novateur de l’organisme s’articule autour de la conviction de Frederick que le mentorat positif peut aider les jeunes à se sentir acceptés pour ce qu’ils sont et à créer un changement positif dans leur propre vie.

Donner l’exemple

L’un des éléments distinctifs de l’approche de Liberty For Youth est son conseil des jeunes, composé de jeunes qui mettent à profit leurs expériences, leurs antécédents, leur éducation et leur point de vue pour guider les jeunes par l’action. « Nous avons créé le conseil parce que nous voulons montrer aux jeunes que face à la pandémie, nous n’allons pas répondre en mode gestion de crise. Nous allons plutôt faire preuve de créativité, ce qui montrera la voie et ouvrira des portes aux jeunes », explique Frederick. Chacun des membres du conseil se concentre sur un domaine d’intervention par lequel il combat les inégalités qui ont été exacerbées par la pandémie. Les membres du conseil sont tant des étudiants universitaires qui se concentrent sur les objectifs liés à l’éducation que des jeunes qui s’intéressent aux effets de la pandémie sur la santé mentale, de jeunes Autochtones qui établissent des liens significatifs avec leur collectivité et des jeunes qui étudient les effets de la pandémie sur les taux d’incarcération. Tous s’attaquent à des problèmes réels au nom d’autres jeunes. Chacun d’eux est jumelé à un accompagnateur qui peut l’aider à résoudre ces problèmes urgents.

La course Recovery Run For Youth

« Durant la pandémie, les taux de dépression et de suicide chez les jeunes ont augmenté rapidement. Malheureusement, les tentatives de suicide chez les jeunes n’ont pas tardé à quadrupler, et deux de nos jeunes ont perdu la vie », se rappelle Frederick. L’un d’eux faisait d’ailleurs partie des 13 jeunes qu’il avait accueillis chez lui. « Nous savions qu’il fallait agir rapidement pour remédier à l’intensification de la crise de santé mentale chez les jeunes et mettre en place un plan qui nous permettrait de continuer à les aider activement. »

L’organisme tiendra donc la course Recovery Run For Youth pour susciter l’espoir, sensibiliser la population et financer son plan de reprise post-COVID-19. « La principale chose qui me préoccupe, c’est l’espoir. C’est ce qui nous manque en ce moment. Les adolescents sont frustrés et cela met à rude épreuve leur santé mentale. »

La course Recovery Run For Youth aura lieu du jeudi 28 avril au samedi 7 mai dans les villes d’Hamilton et de Brantford, ainsi que dans le comté de Brant, les collectivités des Six Nations de la rivière Grand et les régions environnantes. Frederick et les membres du conseil des jeunes vont courir un demi-marathon (21 km) par jour et inspirer la collectivité en prononçant 21 allocutions.

En tout, l’équipe espère récolter 300 000 $ pour soutenir les initiatives en matière de santé mentale, d’éducation et d’emploi pour les jeunes.

Ce n’est pas la première fois que Frederick se lance dans une telle aventure. En 2016, dans le cadre de sa course Run for Youth, il a couru d’Ottawa à Hamilton pour sensibiliser la population à la violence liée aux armes à feu. Il a parcouru plus de 700 km et prononcé plus de 72 allocutions en cours de route. En 2018, il a relaté son adolescence en tant que jeune à risque et son parcours avec Run for Youth dans un livre intitulé « Running For Their Lives ».

L’objectif de Frederick est de donner espoir aux jeunes à risque de sa collectivité. Il veut les aider à forger leur caractère et leur donner accès à des compétences, à des ressources et à des mentors. Ses efforts soutenus ont un véritable impact sur les jeunes qui se sentent soutenus, guidés et inspirés par son travail.

« Je suis fier d’être un homme noir originaire de la Jamaïque, et vivre au Canada est une réelle bénédiction pour moi, dit-il. Je prends un tel plaisir à servir ma collectivité. »

Pour en savoir plus sur Liberty For Youth, consultez le site Web de l’organisme à libertyforyouth.org/

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