Pour marquer le début du Mois de l'histoire des Noirs, RBC propose un entretien avec la championne de tennis Venus Williams, qui se confie sur son sport majoritairement blanc, la pression d'être la première et la mise à profit de son talent et de sa force intérieure pour faire taire les critiques
Des employés de RBC des quatre coins du monde ont eu la chance d’entendre la star du tennis Venus Williams dans le cadre d’un événement inoubliable du Mois de l’histoire des Noirs. À l’occasion d’une conversation avec Helima Croft, première directrice générale et cheffe mondiale, Stratégie marchandise, RBC Marchés des Capitaux, Venus Williams a parlé de sa carrière, de sa famille, de ses échecs et de ses moments de fierté au tennis et dans la vie en général.
Les défis liés au fait d’être la première
Venus Williams est une pionnière à bien des égards. Si Althea Gibson, Arthur Ashe et Zina Garrison ont ouvert la voie aux athlètes noirs au tennis, quand Venus est entrée en scène dans les années 1990, elle était la joueuse afro-américaine la plus en vue et la plus médiatisée de son époque. Ayant grandi dans un milieu où les minorités visibles n’étaient pas tellement représentées, elle a été « la première » sur bien des plans.
Ce rôle s’accompagne de défis considérables, et Venus Williams explique qu’elle a commencé à les accepter en apprenant à connaître son histoire. « C’est pourquoi le Mois de l’histoire des Noirs est si important, dit-elle. En effet, quand on ne comprend pas d’où on vient, on ne sait pas où aller. »
Elle ajoute qu’après la compréhension viennent l’acceptation et la fierté. « À partir du moment où vous vous acceptez, où vous vous sentez fier de la personne que vous êtes, où vous connaissez votre histoire et où vous faites de votre mieux, il devient plus facile de surmonter les défis. C’est une question d’amour-propre. »
« Au tennis, je voulais être la meilleure, peu importe qui j’étais ou ma couleur de peau. Les détracteurs pouvaient bien parler, ils ne pouvaient pas nous enlever ça, ni à moi ni à sœur Serena. Nous étions assez bonnes. Nos raquettes ont toujours parlé pour nous, et nos victoires ont fait cesser les bavardages. »
Aucun doute, Venus et Serena avaient ce qu’il faut. À preuve, l’aînée est devenue la première joueuse de tennis noire à trôner en tête du classement mondial de l’ère Open. Bien qu’occuper le premier rang puisse être un lourd fardeau à assumer, Venus l’a fait avec brio. « Le plus beau dans tout ça, c’est que cela a ouvert beaucoup de portes – bien entendu pour Serena et Naomi Osaka. J’aimerais croire également que Coco Gauff poursuivra son ascension vers le sommet. Être numéro, c’est aussi gratifiant. Je ne veux pas minimiser cet aspect. C’était l’un de mes objectifs de vie. Or, quand on atteint ses objectifs, qu’ils soient grands ou petits, c’est un bon sentiment. »
La pression : un privilège
L’excellence apporte son lot de pression, mais les parents de Venus l’ont aidée à mettre cetlle-ci en perspective. « Ils m’ont dit d’avoir du plaisir sur le terrain, parce que jouer au tennis devrait être amusant. Quand on aime ce que l’on fait, cela enlève une partie de la pression. » Elle poursuit en disant que l’une des choses les plus difficiles au tennis, c’est de servir pour le match. Elle explique que la personne au service devrait théoriquement gagner, mais qu’au moment de servir pour le match, la pression est très intense. « Il faut entraîner son esprit à penser différemment, déclare-t-elle. Au lieu de craindre ce moment, dites-vous que vous avez hâte de saisir cette occasion. » Au fil du temps, cela se fera automatiquement. Il s’agit donc d’envisager cette pression comme une occasion. »
Elle précise que votre façon de penser est l’outil le plus puissant dont vous disposez. « Parfois, votre mental est tout ce que vous avez, surtout lorsque vous êtes malade, blessé ou démoralisé », avance-t-elle, en remerciant ses parents pour sa force psychologique. « Ma mère et surtout mon père ont changé le tennis. Mon père nous a toujours dit que nous atteindrions la première et la deuxième place du classement mondial – c’est ce qu’on nous a enseigné et c’est ainsi que nous avons appris à penser. »
Apprendre de ses erreurs
Venus admet qu’elle n’a pas toujours été à son meilleur, notamment en début de carrière au U.S. Open de 1999. Elle avait 19 ans, sa sœur, 17, et elles étaient toutes les deux en demi-finale. « Il y aurait pu y avoir une finale entièrement Williams, dit-elle. Évidemment, tout le monde en parlait. » Se remémorant son match, elle nous révèle qu’elle n’a pas été à la hauteur. « J’étais atrocement nerveuse. Je me suis retenue et j’ai joué de manière prudente. Serena a gagné son match de demi-finale, puis le U.S. Open. Elle a été la première sœur Williams à remporter un tournoi du Grand Chelem. » Venus explique qu’elle a beaucoup appris de cette expérience – sur elle-même et sur ce qu’elle ne voulait pas répéter à l’avenir. « La dernière chose que je voulais, c’était de me retenir. Même si j’échouais, je ne voulais pas avoir de regrets, et cette fois-là, c’était le cas. Alors, je me suis dit que je ferais tout ce qu’il fallait pour gagner. De cette façon, si je perdais, au moins je pourrais dormir la nuit. »
Cette défaite a marqué un tournant pour Venus et a été le point de départ de victoires dans des tournois importants. « Parfois, ces échecs nous permettent de nous réveiller et de tirer des leçons. Toute erreur est acceptable, à condition qu’on ne fasse pas la même deux fois. »
Briser des barrières
Pendant qu’elle fracassait des records et réalisait des premières sur le terrain, Venus brisait aussi des barrières à l’extérieur de son sport. Elle raconte la fois où elle a présenté son entreprise dans un contexte d’affaires. Elle craignait alors d’avoir l’air trop ethnique ou féminine si elle portait des vêtements qui lui ressemblent. « J’avais l’impression que je devais porter un tailleur pour montrer mon sérieux. Au bout d’un moment, je me suis dit que j’allais être moi-même. Je suis dans le secteur du design et je ne veux plus porter ce tailleur noir. J’ai décidé de me présenter en tant que designer, telle que je suis. »
En assumant sa féminité et son individualité, Venus sent qu’elle – et quiconque fait de même – a le pouvoir de mobiliser les autres et d’ouvrir la voie au suivant. Ses choix ont eu un impact manifeste, même dans les premières réactions des médias aux perles dans ses cheveux et aux tenues qu’elle portait sur le terrain. En fin de compte, les médias l’ont acceptée pour ce qu’elle était, et par la suite, la mode au tennis a beaucoup changé. « Une personne doit faire le premier pas pour que les autres se disent que si elle se coiffe ainsi, elles le peuvent aussi, affirme-t-elle. Puis, il y a un effet domino. »
En plus d’être célèbre pour son coup de raquette, Venus est reconnue pour avoir défendu l’égalité de la rémunération des joueuses de tennis. En 2007, pour la première fois depuis 1968, année où l’on a commencé à remettre des bourses au tournoi de Wimbledon, les femmes ont obtenu la même rémunération que les hommes, grâce au combat que Venus ne voulait pas abandonner. « Il y a eu trop de déséquilibre pendant trop longtemps », soutient Venus, qui se réjouit qu’aujourd’hui, les joueuses n’aient pas à se battre pour l’équité salariale et qui est ravie de constater les progrès réalisés dans d’autres disciplines.
La vie est un sport et le sport, c’est la vie
À la question à savoir comment les autres peuvent trouver le courage de s’épanouir dans des situations inconfortables, Venus répond par sa philosophie selon laquelle la vie est un sport, et le sport, c’est la vie. « Tout est dans la préparation et l’engagement. Il y a des hauts et des bas, et il faut apprendre à travailler en équipe, à gagner et à perdre. C’est la même chose dans la vie que dans le sport. » Elle renchérit en disant qu’il faut apprendre à composer avec la pression, à gérer ses émotions et à réagir en situation de stress, que ce soit dans une salle de réunion ou sur un terrain de tennis. L’honnêteté, la gratitude et la courtoisie sont des valeurs importantes auxquelles elle adhère. « Je voulais être connue comme une grande sportive, quelqu’un avec une bonne attitude. Selon moi, il n’y a rien de pire que de laisser une image de crétin. J’ai passé une grande partie de ma carrière à m’assurer que chaque geste que je faisais était quelque chose dont je pourrais être fière plus tard. »
Venus Williams est une championne à bien des égards, et elle a montré aux joueurs de tennis et aux fans du monde entier que tout est possible quand on a le courage d’être authentique, de prendre position pour ce qui est juste et de croire en son droit de devenir numéro un.
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