Jenny Stafford avait 25 ans lorsqu'elle a commencé à perdre la vue à la suite d'une rétinite pigmentaire. Aujourd'hui, elle ne peut distinguer que la lumière et l'obscurité. Mais son handicap ne la freine pas grâce au soutien qu'elle reçoit au travail et ailleurs et à Nan, son chien-guide.
Jenny Stafford travaille à RBC depuis 24 ans à Jersey, dans les îles Anglo-Normandes au Royaume-Uni. Dans le cadre de ses fonctions d’agente, elle est indispensable à son équipe. Active au sein de sa collectivité, elle a effectué plus d’une centaine de courses de cinq kilomètres dans les parcs (un événement communautaire qui se tient tous les samedis), un saut en parachute en tandem, une randonnée de cinq jours le long de la Grande Muraille de Chine et une descente en rappel du château du Mont-Orgueil. Elle a aussi une déficience visuelle grave, mais son handicap ne la freine pas.
Avec le bon soutien, tout est possible.
Et son réseau de soutien est excellent, au travail et dans sa collectivité. « Dès mes premières difficultés, j’ai pu compter sur un soutien incroyable », explique Jenny.
Lorsque Jenny a commencé à perdre la vue, une personne spécialisée en réadaptation professionnelle est venue la rencontrer, de même que son gestionnaire et l’équipe des TI de l’époque, afin d’établir un plan. Il a été déterminé qu’il lui fallait notamment un ordinateur plus grand, un logiciel ZoomText, une télévision en circuit fermé et un téléphone à gros boutons.
Et quand sa vue s’est détériorée, on lui a fourni une solution appelée SuperNova, qui agrandit l’écran et les touches et lui indique sur quelles touches elle appuie. Depuis ce temps, le personnel de soutien informatique a continué de chercher les technologies qui lui permettent de faire son travail. Ainsi, le service de TI de Jersey a collaboré avec Toronto pour mettre en place les outils appropriés, y compris ceux lui permettant de travailler de la maison pendant le confinement. Aujourd’hui, elle peut travailler à domicile ou au bureau, comme tout le monde, et profite d’un horaire hybride.
Jenny a occupé trois postes différents depuis son diagnostic, et chaque fois, ses collègues se sont montrés à la hauteur. « J’ai évolué dans trois services depuis que j’ai commencé à perdre la vue. J’ai été bien accueillie par tout le monde et on a toujours trouvé des solutions pour moi lorsque c’était nécessaire. C’est un effort collectif. Je le répète souvent : avec le bon soutien, tout est possible. »
Elaine Lawless, la gestionnaire actuelle de Jenny, est présente dans la vie de cette dernière depuis son arrivée dans l’équipe, et elle est l’une de ses plus ardentes ambassadrices à RBC. « Jen est très appréciée et apporte une énorme contribution à l’équipe. Quand on permet à une personne en situation de handicap d’en faire le plus possible de manière indépendante, elle se sent inclue. Ces personnes ne veulent pas bénéficier d’un traitement spécial. Elles veulent simplement vivre le plus normalement possible. »
Une partie du soutien que Jenny reçoit est offert par EYECAN, un organisme de Jersey qui propose un éventail de services aux personnes ayant une déficience visuelle, à leurs proches et à leurs collègues. Chris Frost, agent de réadaptation, est la principale personne-ressource de Jenny et il la soutient activement.
À EYECAN depuis neuf ans, Chris aide surtout les personnes qui ne sont pas malvoyantes de naissance. Il effectue des évaluations auprès de ses clients pour en apprendre davantage sur les aspects qu’ils trouvent difficiles compte tenu de leur handicap. En fonction de leurs réponses, il trouve des solutions adaptées. De la mobilité à la communication en passant par les habiletés fondamentales, Chris leur offre de l’aide et des conseils.
Chris et Jenny collaborent principalement sur des solutions technologiques et de mobilité. « RBC a récemment déménagé ses bureaux, et nous avons examiné comment assurer sa sécurité lors de ses déplacements entre la maison et le travail. Elle a un trajet assez long à faire sur une voie achalandée où il peut y avoir toutes sortes d’obstacles, que ce soit des piétons, des cyclistes ou des travaux routiers. Nous avons décomposé le parcours étape par étape, de son domicile jusqu’à son bureau. »
Jenny a aussi changé de poste de travail à quelques reprises, ce qui occasionne certains défis, mais aucun qu’elle ne peut pas relever. Chaque fois, Chris intervient et révise l’itinéraire, veillant à ce qu’elle puisse atteindre la porte principale, monter les escaliers et se rendre à son poste de travail. Il repère aussi les sorties de secours, les salles de bain et d’autres éléments.
« Nous concevons des techniques lui permettant de savoir où elle se trouve dans l’espace, souligne Chris. Nous répétons le trajet jusqu’à son bureau ou jusqu’à la sortie de secours, par exemple, et entraînons son chien à l’accompagner dans ces déplacements. »
« Pour tous les autres, un changement de poste de travail est un détail, ajoute Elaine, avec parfois en prime une chaise plus confortable ou une vue plus spectaculaire. Pour Jenny, il faut tout réapprendre : par où passer pour mener son chien dehors, comment entrer dans l’immeuble et en sortir. Ce n’est pas aussi simple. » Elle croit que la plupart des personnes dans la situation de Jenny demanderaient probablement à rester là où elles sont. « Pas Jen, dit-elle. Elle demande simplement où on la déplace, puis elle s’adapte. »
Jenny est très active dans ses temps libres. Elle a participé à plus d’une centaine de courses communautaires de cinq kilomètres dans les parcs, avec l’aide d’une équipe de bénévoles. Depuis 2016, à tour de rôle, des coureurs voyants guident Jenny le long du parcours. « Bien des gens pensent que c’est trop compliqué. Je leur dis d’essayer », avance Jenny à propos de ces courses. Elle a également pris part au marathon de Londres à deux reprises, de même qu’à un triathlon et à un duathlon.
L’importance de demander de l’aide
Jenny, Elaine et Chris insistent tous les trois sur l’importance de la communication entre les personnes handicapées et leurs amis, les membres de leur famille, leurs collègues – et quiconque leur apporte du soutien. « Je dis toujours qu’il suffit de poser des questions, affirme Jenny. Il n’y a pas de question stupide. En fait, avoir peur de poser une question, c’est pire. C’est en se renseignant et en communiquant qu’on apprend. »
« Jen est très ouverte, renchérit Elaine. Elle va parler avec vous. Parfois, les gens ont peur de poser des questions parce qu’ils pensent qu’il s’agit d’un sujet trop personnel, mais quand on ne sait pas, on ne peut pas aider. Et par ignorance, ils traitent la personne différemment des autres. La tendance est de tout faire à la place de la personne handicapée, ce qui ne l’aide pas vraiment. Comme Jen le dit, elle fait les choses différemment, c’est tout. »
Voici le conseil de Jenny aux employeurs qui ont des employés handicapés. « Ce n’est pas l’aide qui manque, révèle Jenny. Vous n’avez qu’à discuter avec la personne concernée, lui demander ce dont elle a besoin et communiquer avec les experts du domaine de son handicap. Il y a une foule de technologies disponibles. »
Elaine estime par ailleurs qu’il est désavantageux d’ignorer ce groupe de personnes lors des processus d’embauche.
« En tant que gestionnaire, dit-elle, vous devez savoir que vous risquez de passer à côté de compétences aussi vastes que précieuses si vous ne reconnaissez pas la valeur que les personnes handicapées peuvent apporter à une entreprise et à une équipe. Vous devez faire preuve d’ouverture d’esprit et communiquer pour maximiser le potentiel des gens. L’inclusivité contribuera à enrichir vos effectifs. »
Dévouement envers la collectivité
Jenny est aussi dévouée à l’égard de sa collectivité, agissant en quelque sorte à titre d’ambassadrice pour les personnes ayant une déficience visuelle. En plus de renseigner par l’exemple, elle participe à des discussions et à des événements qui sensibilisent le public aux capacités et au potentiel des personnes handicapées. « Je manifeste ma reconnaissance pour le soutien communautaire que je reçois en faisant de la sensibilisation, dit-elle. J’ai dû surmonter de nombreux défis, mais mon indépendance a toujours été très importante pour moi. Mon travail dans la collectivité est une façon pour moi de faire prendre conscience aux gens qu’une déficience visuelle ne signifie pas qu’on ne peut pas faire certaines choses – on les fait différemment, voilà tout. »
Jenny siège aussi au comité d’EYECAN, où l’on accorde une grande valeur à son point de vue puisqu’elle est bénéficiaire des services et sait ce dont les personnes malvoyantes ont réellement besoin. « Elle s’efforce activement d’améliorer la situation des membres de sa collectivité qui ont une déficience visuelle, dit Chris. Sa principale motivation pour faire partie du comité, c’est de s’assurer de faire tout ce qu’elle peut pour améliorer les services offerts aux autres. »
Avec le soutien de ses amis et collègues à RBC, d’EYECAN et de Nan, son chien-guide, Jenny Stafford est prête à tout. « J’aime les défis, dit Jenny, qui est déterminée à vivre sa vie au maximum. Mes yeux ne fonctionnent pas, mais tout le reste va bien », répète-t-elle souvent.
Jenny se sent privilégiée d’avoir l’appui dont elle dispose au travail et ailleurs et croit que tout est possible s’il y a une sensibilisation, une communication ouverte et une volonté d’offrir des possibilités.
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