À l'occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, RBC a tenu un événement en entreprise comprenant une discussion entre des panélistes résolus à faire avancer la vérité, la réconciliation, la sensibilisation et la prospérité économique au sein des communautés autochtones.
Le 30 septembre 2022 est la deuxième édition de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. C’est l’occasion de nous rappeler l’histoire tragique des pensionnats autochtones et de souligner le chemin parcouru vers la vérité et la réconciliation. Il s’agit d’une journée importante de réflexion et d’action.
RBC a animé une table ronde approfondie et ouverte avec des éducateurs d’origine autochtones au sujet des séquelles du passé, des mesures à prendre aujourd’hui et de l’espoir en un avenir meilleur. Animé par Jeff Boyd, président régional, Alberta et Territoires du Nord-Ouest, le groupe de discussion réunissait Kaila Johnston du Centre national pour la vérité et la réconciliation, Bob Kayseas, vice-président aux affaires académiques, Université des Premières Nations du Canada, et Alanna La Rose, directrice, Partenariats stratégiques, RBC. Ils ont partagé leurs réflexions, leurs expériences et leurs opinions à propos de la vérité et de la réconciliation, des défis encore présents et du vent d’optimisme qui commence à souffler.
Une journée de réflexion et d’action
Au début de la discussion, chacun des participants a fait part de ses réflexions sur la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. « Pour moi, c’est une journée qui permet à tout le monde, Autochtones ou non, de se réunir, d’observer, de tisser des liens et de réfléchir aux événements passés et à ce qui nous a menés où nous sommes aujourd’hui, affirme Bob Kayseas. Il est important que chacun comprenne que le passé est encore présent et qu’il représente toujours des défis et des obstacles pour les communautés autochtones, ajoute-t-il. Je crois que la journée du 30 septembre est une bonne façon d’entamer une réflexion sur le passé et sur ce que nous pouvons faire pour créer un avenir meilleur », dit-il.
Pour sa part, Mme La Rose a mentionné qu’il est important de connaître la diversité qui existe parmi les peuples autochtones au Canada. « Il y a 634 communautés autochtones reconnues, et encore plus de communautés inuites et métisses dispersées sur de vastes territoires – et chacune d’elle est différente », affirme-t-elle. Selon elle, il est essentiel de voir cette journée comme un moment pour apprendre et écouter afin de mieux comprendre les obstacles systémiques qui perdurent encore aujourd’hui. « C’est une journée de réflexion, mais aussi de mesures concrètes à prendre pour les prochaines étapes. »
Mme Johnston admet que le 30 septembre est une journée de réflexion et d’apprentissage, mais il s’agit aussi d’un moment pour reconnaître les efforts des survivants et des générations qui les suivent. En reconnaissance de l’immense force et courage dont ont fait preuve les survivants pour partager leurs expériences douloureuses, elle cite une phrase de Lila Bruyere, une survivante du pensionnat de St. Margaret Residential School à Fort Frances (Ont.), de 1959 à 1967. « C’est une journée qui honore notre parole et reconnaît notre vérité, car dans les années à venir, les générations futures n’auront pas les mêmes occasions qu’aujourd’hui d’entendre les témoignages directement des survivants. » Pour Kaila Johnston, il est important de porter notre attention sur les survivants tout en observant les générations futures qui collaborent pour assurer un meilleur avenir pour tous.
Le rôle de l’éducation pour faire progresser la réconciliation
Murray Sinclair a déjà dit : « C’est l’éducation qui nous a mis dans ce pétrin et c’est l’éducation qui nous en sortira. » Les panélistes reconnaissent que l’éducation est cruciale pour faire progresser la réconciliation et ils sont optimistes en observant ce qui se passe dans les écoles partout au pays. « Ce que j’ai vu me donne de l’espoir, affirme Kaila Johnston. Les étudiants et les jeunes d’aujourd’hui apprennent l’histoire et sont davantage sensibilisés et empathiques et ont une meilleure compréhension de ce que représente ce passé pour tous les Canadiens, qu’ils soient Autochtones ou non », affirme-t-elle.
Mme La Rose admet elle aussi qu’il y a du progrès, mais elle souligne que les jeunes Autochtones sont encore sous-représentés dans les cégeps et les universités. « Comment pouvons-nous aller de l’avant et intégrer la vision des peuples autochtones si nous ne sommes pas à la table où se prennent les décisions », affirme-t-elle. Même si elle a constaté que les entreprises et les universités étaient plus nombreuses à prendre au sérieux l’appel à l’action 92, elle réclame quand même une intégration complète dans les milieux de l’éducation, des affaires, des organismes publics et privés pour donner aux jeunes Autochtones leur part des occasions à saisir.
Bob Kayseas parle à la communauté de l’Université des Premières Nations du Canada, qui permet aux étudiants autochtones ou non de s’intégrer dans un milieu où ils peuvent obtenir une éducation et une compréhension à propos de la vision du monde des Premières Nations, de leur histoire et de leurs objectifs. Il ajoute que bien que son expérience soit teintée par un manque de sensibilisation et de connaissances à propos des peuples et des lieux relatifs aux Premières Nations, il trouve encourageant le fait de voir ses petits-enfants revenir de l’école avec des devoirs sur la culture et les langues autochtones. « Je vois des jeunes qui reviennent de l’école tellement sensibilisés déjà, car le programme scolaire les éduque sur la véritable histoire des peuples autochtones au Canada, dit-il. L’avenir s’annonce donc meilleur, car ces jeunes ne connaîtront pas les difficultés que de nombreuses personnes de ma génération ont dû surmonter. »
Il croit aussi que le cours Les 4 saisons de la réconciliation, qui constitue un volet d’apprentissage important pour les employés de RBC, permet d’accroître la sensibilisation. « Nous essayons de joindre le plus de Canadiens possible, avec un programme condensé, car l’engagement est minime ; trois heures et demie assis sur une chaise. Tout le monde peut le faire ».
L’incidence de la collecte de témoignages
Kalia Johnston a consacré beaucoup de temps à recueillir des témoignages des survivants, et elle décrit son expérience comme une façon de partager leurs défis et obstacles. « Nous nous sommes entretenus avec des survivants et des générations qui les suivent, pour des périodes allant de cinq minutes à plus de dix heures. Le message le plus important qu’ils nous ont communiqué, c’est qu’ils souhaitent que leur voix soit entendue. « Ils veulent que leur histoire soit racontée en classe pour qu’on sache ce qui s’est passé dans les pensionnats, pour sensibiliser les autres à leur parcours de guérison ainsi qu’aux difficultés et aux obstacles qu’ils doivent toujours surmonter. Même sept ans après la fin de la Commission, beaucoup de blessures ont encore besoin d’être pansées, » dit-elle.
Selon Kalia Johnston, lors de la découverte de tombes non marquées à l’ancien pensionnat indien de Kamloops en mai dernier, de nombreuses personnes se sont portées volontaires pour partager leur histoire. « Elles n’étaient pas prêtes au moment de la Commission de la vérité, elles avaient besoin de temps, mais maintenant, elles sentent qu’elles sont prêtes, alors nous avons commencé à recueillir, une fois de plus, leur témoignage. J’imagine que dans les années à venir, ce sera une activité qu’on poursuivra et les témoignages et les expériences issus des écoles non reconnues, des pensionnats, des hôpitaux autochtones, des sanatoriums et des autres systèmes coloniaux doivent aussi être recueillis. »
Progrès et possibilités
Il a fallu sept années pour donner suite à onze appels à l’action à la suite de la publication du rapport de la Commission de vérité et réconciliation. L’an dernier, après l’annonce concernant Kamloops, trois de ces appels à l’action ont été mis en œuvre. « Même si nous avions déjà entendu de nombreux survivants nous parler des tombes anonymes, il a fallu que la nouvelle touche un plus grand nombre de personnes, à l’échelle internationale, pour qu’un mouvement de revendication émerge », affirme Kalia Johnston. Depuis ce temps, nous avons eu des conversations plus authentiques pour mieux connaître cette vérité que de nombreux membres des communautés autochtones ont toujours sue. « Ça m’encourage de voir qu’il y a de plus en plus de personnes qui sont prêtes à écouter et à comprendre », dit Kalia Johnston.
Mais elle ajoute que, malheureusement, le déni de la réalité des pensionnats a refait surface ; un déni qui ne rejette pas l’existence des pensionnats, mais les vérités révélées sur ce qui s’y est passé. « Nous voyons différents arguments émerger, où on affirme qu’il s’agissait de coutumes de l’époque ou que les gens qui y travaillaient faisaient du bon boulot, pour essayer de faire taire ceux qui partageaient leur expérience, affirme Kalia. Même si certaines personnes ont vécu de meilleures expériences dans les pensionnats, je peux affirmer que rien de bon ne venait de ces endroits. Tous les enfants ont été retirés de leur foyer, séparés des membres de leur famille et de leur communauté, et privés de contact avec eux ; souvent, on observe le cycle de la violence issu de ces pensionnats se poursuivre dans la communauté en raison du manque d’éducation des personnes plus âgées sur la façon d’éduquer une famille adéquatement. »
Le croisement de l’éducation et de la réconciliation économique
L’économie autochtone au Canada est actuellement estimée à quelque 32 milliards de dollars, mais sa croissance surpasse l’ensemble de l’économie nationale. Carol Anne Hilton, chef de la direction de l’Indigenomics Institute, anticipe une croissance annuelle de 100 milliards de dollars dans les cinq prochaines années. Bob Kayseas croit que l’éducation est une étape importante pour la réconciliation économique et que les entreprises ont un rôle important à jouer.
« L’une des principales étapes à suivre pour les entreprises consiste à reconnaître que les Autochtones n’ont pas choisi d’être au bas de l’échelle. Nous n’avons pas choisi les disparités économiques, les difficultés que pose la protection de l’enfance et la représentation importante dans les prisons. Nous tentons de nous en sortir » ajoute-t-il ; ce n’est que tout récemment que de nombreux obstacles majeurs à la prospérité économique ont été levés.
Par exemple, ce n’est qu’après la modification de la Loi sur les Indiens en 1988 que les Autochtones ont pu se livrer à des activités économiques sur leurs réserves. « Il était illégal de démarrer une entreprise sur une réserve, affirme Bob. Le dernier pensionnat a été fermé en 1996. Ma sœur a été la première Autochtone à obtenir un diplôme d’études secondaires d’une école près de chez nous ; l’école existait depuis 80 ans. Tout ça est donc très récent et j’espère que la réconciliation sera un moyen de nous sortir de ce marasme. »
Il insiste sur l’importance pour les entreprises de créer un espace dédié aux employés autochtones pour favoriser l’engagement, la compréhension et la connexion, et de leur donner des chances égales à long terme.
Kalia Johnston est du même avis, et elle ajoute qu’il y a beaucoup à faire pour réparer toutes ces années qui ont défavorisé les Autochtones. « Nous pouvons commencer dès maintenant. Les communautés font du rattrapage avec les jeunes, en démarrant une variété de programmes. J’ai vu beaucoup d’entrepreneurs autochtones et des programmes ciblant les jeunes Autochtones en particulier qui envisagent l’entrepreneuriat. Tout programme qui donne aux employés autochtones un accès équitable à de la formation et à des occasions constitue une bonne façon de poursuivre la réconciliation économique. »
Que pouvons-nous faire pour aider ?
Jeff Boyd termine la discussion avec une question aux panélistes : Que pouvons-nous faire pour aider ? Que peuvent faire de plus ou différemment les participants à l’événement d’aujourd’hui ?
Mme Johnston recommande à ceux et celles qui ont des enfants à l’école consultent la documentation publiée durant la semaine de la vérité et réconciliation ; le Centre publie du contenu pertinent pour tous les élèves du primaire et du secondaire. Elle ajoute qu’il est crucial de trouver un appel à l’action qui nous touche. « 94 appels à l’action, c’est beaucoup. Vous n’avez pas à répondre aux 94 ; il ne faut pas se mettre cette pression. Mais plutôt trouver un appel à l’action qui nous touche directement. Qu’est-ce qui vous passionne ? Elle conseille de trouver des listes de livres, de films et de formations qui offrent apprentissage et mobilisation.
Bob Kayseas est du même avis. « Il est important de continuer de lire, d’essayer de renforcer les connaissances le plus possible et de tisser des liens pour s’engager avec plus de cœur. »
Alanna La Rose ajoute que les alliés des Autochtones peuvent prêter main-forte. « Ne laissez pas vos amis ou collègues autochtones faire tout le travail ; ne vous attendez pas à ce qu’il vous éduque sur le sujet. Trouvez des ressources par vous-même avant de leur poser des questions. Faites connaître leurs idées et leur façon de voir le monde », dit-elle.
En cette Journée de la vérité et de la réconciliation, il est crucial de se rappeler que la vérité est une chose, et la réconciliation en est une autre. Pendant ce temps de réflexion par rapport aux vérités et aux traumatismes du passé, il faut aussi se sensibiliser à l’amorce de la réconciliation pour la suite des choses.
Le 30 septembre, les Canadiens de tous les milieux sont invités à entamer ou à continuer leur parcours d’apprentissage personnel.
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