À l'occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, la lauréate d'un Oscar et activiste pour l'inclusion, Marlee Matlin, nous a fait part de son point de vue et de ses expériences en lien avec l'inclusion, les obstacles qu'elle a surmontés et ses idées pour un meilleur avenir

Marlee Martin est surtout connue pour son rôle dans Les enfants du silence, qui lui a valu l’Oscar de la meilleure actrice ; à ce jour, elle demeure la plus jeune femme à avoir remporté ce prix. Cependant, elle est aussi une championne de la diversité et de l’inclusion qui s’implique dans la cause des personnes handicapées. Mme Matlin sort constamment des sentiers battus. Elle a notamment participé à l’émission Dancing with the Stars sur la chaîne ABC, a écrit trois livres pour enfants et a publié une autobiographie, I’ll Scream Later, qui a figuré sur la liste des ouvrages à succès du New York Times. De ses propres mots, la seule chose qu’elle ne peut pas faire, c’est entendre.

Mme Matlin a récemment rendu visite à RBC à l’occasion d’un événement à l’échelle de l’entreprise en l’honneur de la Journée internationale des personnes handicapées de l’ONU. Lors de cet événement, elle s’est entretenue avec Bernice Dunsby, première vice-présidente, Exploitation générale, Technologie et exploitation et cogrande championne nationale du Groupe des 3 C au Canada (le groupe-ressources des employés de RBC destiné à faire avancer la cause de l’inclusion des personnes handicapées). Pendant cette rencontre hors de l’ordinaire, Mme Matlin nous a parlé des obstacles auxquels font face les personnes handicapées, des moyens qu’elle a mis en œuvre pour les surmonter et des méthodes que les employeurs et les alliés peuvent utiliser afin de créer un monde inclusif où chaque personne peut se réaliser pleinement.

L’importance de la représentation

Mme Matlin a toujours fait preuve de détermination et de courage, et n’a jamais hésité à prendre la parole. Dans sa jeunesse, elle était résolue à devenir actrice et à jouer un rôle principal dans un film, et c’est grâce à son grand sens de la motivation qu’elle a su y parvenir en surmontant les obstacles mis sur son chemin par son handicap. Cependant, même elle a eu besoin de voir à l’écran une personne qui lui ressemblait pour prendre conscience de toutes les possibilités qui s’offraient à elle.

Mme Matlin a profité de sa discussion avec Mme Dunsby pour rappeler l’importance de la représentation, et ce, particulièrement dans sa profession : en effet, Mme Matlin a compris que son rêve pouvait devenir réalité en voyant un épisode de Happy Days (Les Jours heureux) dans lequel Linda Bove, une actrice malentendante, communiquait en langue des signes.

Malheureusement, l’industrie du cinéma ne fait pas bonne figure en matière de représentation. Mme Matlin nous a parlé de son expérience dans le cadre de son plus récent projet, CODA, un film qui raconte l’histoire d’une jeune femme dont les deux parents sont malentendants. En apprenant que les investisseurs voulaient engager des acteurs connus plutôt que des acteurs sourds, elle était prête à se retirer complètement du projet.

« Depuis toujours, des acteurs sans handicap jouent des rôles de personnes malentendantes ou handicapées, explique-t-elle. On ne doit plus accepter ça. Lorsque j’ai appris que mon mari serait joué par une vedette du box-office, j’ai dénoncé ce manque d’authenticité et j’ai dit que j’allais poliment refuser le rôle si la production empruntait cette voie. »

Elle nous a ensuite expliqué qu’il y a de nombreux et excellents acteurs malentendants ou handicapés qui sont en mesure de jouer de tels rôles : « Nous devons nous opposer à cette idée que la surdité ou les handicaps sont de simples costumes que les acteurs peuvent enfiler pendant leur journée de travail. Les gens qui entendent et qui n’ont pas de handicap doivent faire preuve de patience et d’engagement envers cette démarche. »

Cependant, la représentation ne se limite pas au grand écran : les personnes handicapées doivent pouvoir s’imaginer dans toute profession qui les intéresse. « Je pense qu’il est essentiel que des gens comme moi, des adultes sourds, se rendent dans des écoles où étudient des enfants malentendants afin de leur montrer que nous avons réussi, que ce soit comme acteurs, enseignants, infirmiers, médecins ou avocats. Nous devons leur montrer toutes les possibilités qui existent pour eux. » Mme Matlin nous rappelle ainsi l’importance de montrer qu’il n’y a rien d’impossible.

La collaboration, la communication et l’adoption d’un nouveau mode de réflexion

Le point de départ de l’inclusion au travail, peu importe le milieu, est la communication. Mme Matlin estime que même si de nombreuses conversations ont été tenues à propos de la diversité et de l’inclusion, les personnes malentendantes et handicapées n’ont pas été assez consultées. Elle a ajouté que ces personnes sont souvent confinées à des emplois solitaires et sans interactions avec les autres.

« Je pense que c’est problématique. Les personnes handicapées qui veulent travailler en collaboration avec d’autres personnes doivent pouvoir le faire. La population générale doit savoir que nous pouvons atteindre tous nos objectifs. Les gens sans handicaps doivent être formés et comprendre nos besoins afin d’avoir une opinion différente de nos capacités », ajoute-t-elle.

Elle conseille aux dirigeants et aux entreprises qui souhaitent créer un milieu inclusif de continuer à reconnaître la contribution des personnes malentendantes et handicapées, et de chercher activement à recruter ces personnes. « Vous devez montrer que vous êtes ouverts à la diversité et à l’inclusion, et que vous êtes prêts à former des personnes handicapées ; sans quoi, ces personnes pourraient penser qu’elles n’ont pas de chance d’être embauchées en postulant chez vous. »

Marlee Matlin

Le rôle central des alliés

Harry Winkler (qui jouait « The Fonz » dans Happy Days) occupe une place très importante dans la vie de Mme Matlin. Son mentor et allié de longue date est toujours présent pour lui donner des conseils et lui faire part de son opinion. C’est en pensant à lui qu’elle nous parle de l’importance d’avoir un allié pour les personnes handicapées.

« Il est important de pouvoir compter sur quelqu’un sans nécessairement se faire tenir par la main. Lorsque quelqu’un nous tient par la main, on ne peut pas apprendre à se débrouiller seul. Or, nous devons être autonomes et réfléchir pour nous-mêmes. »

Pouvoir compter sur des alliés et des mentors qui connaissent nos objectifs et nos aspirations est essentiel, car ils constituent pour nous une source de soutien et de rétroaction, en plus de pouvoir nous donner confiance pendant les périodes plus difficiles.

Les groupes-ressources des employés, comme le Groupe des 3 C, offrent un forum où les personnes handicapées et leurs alliés peuvent apprendre les uns des autres et s’entraider – c’est une ressource essentielle pour favoriser l’inclusion au travail et dans nos vies personnelles.

Des vies normales

Souvent, les personnes handicapées sont peintes comme des personnages inspirants, ce qui contribue aux stéréotypes et à la division. Mme Matlin espère qu’un film comme CODA aidera le public à comprendre que les personnes sourdes ou handicapées existent en dehors de l’image inspirante que nous nous faisons d’elles. « Nous avons les mêmes rêves et les mêmes emplois que tout le monde. CODA est un film sur les difficultés de la vie, de la vraie vie. J’espère que les studios seront moins hésitants à raconter des histoires authentiques, et pas seulement inspirantes, » explique-t-elle.

Mme Matlin pense cependant que le public est plus disposé qu’avant à voir la diversité et l’authenticité au cinéma, et elle espère que cette tendance se manifestera aussi dans la vie de tous les jours.

Mme Matlin est une championne de l’inclusion qui encourage une juste représentation et la création d’occasions tangibles pour les personnes malentendantes et handicapées en démontrant toutes les possibilités qui s’offrent à elles. Elle espère que chacun puisse reconnaître le potentiel des personnes handicapées et parvienne à comprendre qu’elles sont d’abord et avant tout des personnes, au-delà de leur handicap.

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