Comme c'est le cas pour un grand nombre d'Autochtones, Felipe Piña n'a pas reconnu son héritage pendant sa jeunesse. Sa généalogie comporte des origines espagnole, yaqui, apache et navajo. Si sa famille avait revendiqué ses racines autochtones, elle aurait été obligée de vivre dans une réserve.

Comme la famille de Felipe Piña n’aurait pas pu vivre où et comme elle l’entendait, le jeune Felipe n’a pas beaucoup appris sur ses origines, si ce n’est par les repas préparés par sa mère et sa grand-mère. « À part notre alimentation, on a malheureusement grandi loin de nos traditions et coutumes autochtones », reconnaît-il.

Grandir au Wyoming a aussi amené son lot de défis. « C’est un État républicain très conservateur. Peu de gens sont issus d’une minorité. Le racisme a fait partie de ma jeunesse. » Les autres le traitaient différemment : on le suivait dans les magasins ou on l’identifiait comme étant un « brun ». La reconnaissance de ses origines importait donc beaucoup moins que la recherche de sa place dans la société.

Renouer avec ses origines

Quand Felipe a déménagé à Los Angeles en 2002, les commentaires racistes à son endroit ont en grande partie cessé. Enfin, il se sentait à sa place dans cette ville cosmopolite. Ironie du sort, c’est aussi à ce moment que son intérêt pour ses origines s’est éveillé. « Même si j’ai toujours su que j’appartenais à une lignée autochtone, ce n’est qu’il y a sept ans environ que j’ai réalisé l’importance de reconnaître mes origines, explique Felipe. Cette prise de conscience, je la dois à une amie, l’actrice originaire du peuple amérindien Pieds-Noirs, Misty Upham. »

Misty, qui est décédée en 2014, appuyait de nombreuses causes touchant les Autochtones, comme l’itinérance et la disparition et le meurtre de femmes et de filles autochtones. Avant sa mort, Misty envisageait de créer un organisme sans but lucratif qui aurait pour but d’aider les enfants autochtones à accéder au monde des arts de la scène et du divertissement. Elle répétait à Felipe que ce n’est pas parce qu’il n’a pas vécu dans une réserve ni participé à des pow-wow qu’il n’était pas Autochtone pour autant.

Felipe s’est non seulement rendu compte de l’importance de reconnaître ses origines, mais aussi d’autres questions qui comptent pour les peuples autochtones : la terre ancestrale, les siècles d’oppression et les problèmes de santé mentale. C’est pourquoi Felipe a décidé d’appuyer ouvertement l’inclusion de son peuple.

Reconnaissance de la Journée des peuples autochtones

La Journée des peuples autochtones est de plus en plus reconnue aux États-Unis, au mois d’octobre, comme alternative à l’événement fédéral du Jour de Colomb (ou Jour la race). Le comté de Los Angeles, où vit et travaille Felipe, compte parmi les régions ayant pris ce tournant.

Voilà ce qui l’a motivé à en parler à la City National Bank, société membre de RBC et employeur de Felipe depuis les 13 dernières années. Par la plateforme « Tell Kelly », mise sur pied par la chef de la direction Kelly Coffey, il a suggéré à l’entreprise de célébrer la Journée des peuples autochtones. Dès cette année, l’histoire et la culture autochtones des États-Unis seront mises à l’honneur dans le cadre de la programmation préparée par le groupe Stratégies multiculturelles.

« Encore aujourd’hui, il y a d’innombrables cas de disparition et de meurtre de femmes autochtones et d’abolition de traités vieux de plusieurs siècles permettant le développement de terres non indigènes. Il y a aussi un fort pourcentage d’Autochtones qui n’ont toujours pas accès à l’eau courante. Et il y a bien d’autres exemples d’injustices encore. Il est plus important que jamais de sensibiliser les gens à la réalité autochtone et de donner une plus grande visibilité au peuple », souligne-t-il.

Reconnaître tout son être

Felipe s’identifie également comme un Latino-Américain. Cet héritage mixte lui a fait vivre des expériences de discrimination raciale tout au long de son enfance. « En troisième année, une aide-enseignante m’a demandé de lui donner mon couteau. Je lui ai répondu que je n’avais pas de couteau. Elle m’a alors dit qu’elle croyait que tous les Mexicains en portaient. Ce qui est le plus malheureux quand on grandit dans une petite ville homogène, c’est d’être exposé au racisme en très bas âge », confie Felipe.

Son grand frère a lui aussi été victime de préjugé par une enseignante de première année qui a dit à sa mère qu’il ne réussissait pas bien en mathématique à cause de son « héritage culturel ». Et, en sixième année, l’enseignante de Felipe lui a dit qu’il ne parviendrait jamais à entrer au secondaire, et qu’il ferait mieux de décrocher. « Ces tentatives de découragement ont eu l’effet contraire sur moi : elles m’ont non seulement motivé à terminer mes études secondaires, mais aussi à aller à l’université et à prouver à mon enseignante – et à moi-même – que je pouvais y arriver. J’étais le premier des deux côtés de ma famille à obtenir un diplôme universitaire. Lors de la cérémonie de remise des diplômes, j’ai fait allusion à mon enseignante de sixième année et à la mauvaise opinion qu’elle avait de moi. J’ai dit que c’est ce qui m’avait poussé à travailler plus fort. »

En tant que membre de la communauté LGBTQ+, Felipe a été témoin de manifestations de la plus grande tolérance. « J’avais peur d’affirmer mon identité sexuelle. Mais quand j’en ai parlé avec ma mère, elle m’a dit qu’elle m’aimait inconditionnellement. Au fond, ce qui importe, ce sont nos proches. Et c’est ma famille qui compte », affirme Felipe.

Felipe Piña se considère comme Autochtone, Latino-Américain et LGBTQ+. Il est un cinéaste travaillant au service d’audit de la banque. Il porte plus d’un chapeau et vise à atteindre plus d’un objectif. Travailler à la City National Bank lui a permis de toucher un revenu tout en disposant de la flexibilité nécessaire pour explorer sa créativité. Il se considère très chanceux d’avoir la liberté d’exprimer chacune des facettes de sa personnalité.

« Je suis redevable à Misty, à mes grands-mères et à moi-même d’avoir toujours reconnu ces caractéristiques de mon identité qui ne devraient jamais être cachées », ajoute-t-il.

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