On compte plus de 40 millions de victimes de la traite de personnes et de l'esclavage moderne dans le monde. Et ce fléau ne sévit pas qu'à l'étranger : quelque 17 000 personnes subiraient une forme moderne d'esclavage au Canada, et celles qui y échappent ont beaucoup de mal à réintégrer la société

Les victimes de la traite de personnes et de l’esclavage moderne peuvent être de tout âge, sexe, race et milieu socioéconomique. Obligées de travailler contre leur gré, elles subissent des violences physiques et psychologiques et vivent dans des conditions effroyables. S’exposant à des conséquences potentiellement fatales si elles tentent de fuir, elles peuvent rester piégées des années durant.

Quant à celles qui parviennent à s’échapper, elles se heurtent souvent à des obstacles de taille dans leurs efforts pour rebâtir leur vie : stigmatisation, culpabilisation, aliénation et menaces de représailles. Elles peuvent, par exemple, avoir été dépouillées de certains documents comme leur passeport, leur carte d’assurance sociale et leur carte d’assurance maladie, les empêchant de bénéficier des produits et services financiers nécessaires pour se loger, trouver un emploi et se bâtir un avenir prometteur.

L’Initiative pour l’inclusion des survivants vise à aider ces personnes à vivre la vie dont elles ont rêvé – et qu’elles méritent.

Initiative pour l’inclusion des survivants : remédier au problème de l’accès aux services financiers

L’accès aux services financiers est une étape clé du processus de réintégration des personnes survivantes, mais il est généralement très difficile à obtenir. Ces personnes peuvent avoir été victimes de la traite à un jeune âge et n’avoir jamais mis les pieds dans une banque. Elles peuvent avoir peu ou pas d’antécédents de solvabilité en raison de dettes contractées en leur nom par les trafiquants et posséder un faible niveau de littératie financière, ce qui explique qu’il leur soit extrêmement difficile de bénéficier de produits et services financiers une fois qu’elles ont échappé à leurs trafiquants et tentent de reconstruire leur vie.

C’est là que l’Initiative pour l’inclusion des survivants entre en jeu. Mise sur pied par Finance Against Slavery & Trafficking (FAST), un projet du Centre de recherche sur les politiques de l’Université des Nations Unies, l’initiative met en relation des organismes d’aide aux victimes et des institutions financières afin de fournir un accès équitable aux services financiers aux survivants de la traite des êtres humains et de l’esclavage moderne.

Ainsi, FAST a réuni RBC et The Salvation Army Illuminate dans le cadre d’un projet pilote d’un an. « Nous facilitons le processus et veillons à ce que les banques disposent des bons outils pour offrir aux survivants les services dont ils ont besoin », explique Alexandra Cerquone, responsable des relations externes à FAST.

Le programme pilote vise à aider les survivants de deux manières. Premièrement, en leur offrant un compte-chèques illimité et un compte d’épargne, sans frais pendant un an, afin qu’ils puissent bénéficier de services et d’avantages de base.

« En l’absence d’antécédents ou de documents officiels, on risque de se voir refuser l’accès à des produits et services que les Canadiens ont généralement à leur disposition, selon Martin Thibodeau, président régional, RBC. Les survivants ont du mal à obtenir ce que les Canadiens, eux, tiennent pour acquis. »

Deuxièmement, en leur permettant de s’initier aux questions financières et en les aidant à bâtir un avenir sûr pour eux-mêmes et leurs familles.

« La littératie financière est un élément clé du programme », précise Larissa Maxwell, directrice des programmes de lutte contre la traite des personnes à The Salvation Army Illuminate, un organisme qui aide les survivants à trouver une institution financière, établit le cadre du programme et assure la formation du personnel de l’institution.

« Certaines victimes n’ont pas eu la chance de développer des compétences de base en matière de budget, d’épargne et de placements, expose-t-elle, ajoutant que l’acquisition de compétences financières est essentielle à leur réussite à long terme et à leur capacité de changer concrètement leur situation. Une personne qui dispose du jour au lendemain de ressources économiques, après en avoir été longtemps privée, pourrait vouloir tout dépenser, ou au contraire, tout mettre de côté. Différentes voies peuvent s’offrir à elle pour obtenir justice – elle pourrait toucher une indemnité au titre d’arriérés de salaire, par exemple. Les survivants peuvent ainsi passer de la case départ à l’obtention d’une indemnisation de montant important, et ils ont besoin d’outils pour gérer leurs finances de manière à pouvoir aller de l’avant. »

Pour RBC, le choix de participer au programme a été facile. « Le programme s’aligne parfaitement sur les valeurs fondamentales de diversité et d’inclusion qui sont les nôtres à RBC, explique M. Thibodeau. Ici, il ne s’agit pas seulement de diversité, mais d’inclusion dans le système financier. Il faut que ces personnes, comme tous les autres Canadiens, y aient accès. »

Établir des relations pour aider à rebâtir des vies

Les survivants de la traite des personnes et de l’esclavage moderne font partie des membres les plus vulnérables de la société. Pour se refaire une vie, il leur faut établir des relations avec des personnes et des organisations en qui ils peuvent avoir confiance. Une part du rôle de Mme Maxwell dans le cadre de l’initiative consiste à développer un cadre de référence pour les conseillers de RBC qui seront amenés à travailler avec les survivants, sachant qu’ils sont différents des clients bancaires habituels.

« Les questions financières peuvent être intimidantes pour le commun des mortels. Les personnes qui ont peu d’expérience en la matière, en particulier celles qui sortent de ce type de situation, peuvent éprouver des sentiments de frustration, d’échec et d’incompétence », selon Mme Maxwell, qui insiste sur la nécessité d’avoir avec elles des conversations financières inclusives et ouvertes qui favorisent leur autonomie. Martin Thibodeau est on ne peut plus d’accord.

« Nous tirons une grande fierté du travail accompli à RBC, où chaque relation est abordée avec empathie et bienveillance, en tenant compte de la dimension humaine, dit-il. Nos conseillers financiers ont suivi une formation visant à les sensibiliser à l’esclavage moderne afin de s’assurer qu’ils adoptent auprès de ce groupe une approche qui tient compte des traumatismes subis. Nous voulons, avec ce projet pilote, nous assurer que les employés disposent des outils et ressources nécessaires pour créer une Expérience client positive », ajoutant qu’il est important que survivants et conseillers établissent une relation fondée sur la confiance et la collaboration.

« Bénéficier des services d’un conseiller financier peut aider non seulement à rebâtir sa vie, mais aussi à mener une vie normale après avoir été victime de la traite des êtres humains », déclare Mme Maxwell, indiquant qu’un conseiller financier élargit le réseau de soutien sur lequel un survivant peut compter.

De la survie à l’épanouissement

L’esclavage moderne et la traite des êtres humains privent les victimes de tant de choses. Souvent, elles ont l’impression qu’elles ne pourront jamais avoir une vie normale ou rattraper le temps qu’elles ont perdu. Elles rêvent pourtant, comme la majorité des Canadiens, de connaître la stabilité financière, de payer des études supérieures à leurs enfants, d’avoir une voiture, d’acheter une maison ou encore de lancer leur propre entreprise. La plupart des gens poursuivent ces objectifs sans trop de difficulté, alors que pour les personnes survivantes, le chemin à parcourir est semé d’embûches. En les aidant à rétablir leur situation et à développer des compétences financières, elles pourront atteindre les mêmes objectifs sans trop d’obstacles.

Mme Maxwell ajoute qu’un tel programme peut réduire leur vulnérabilité face aux trafiquants et protéger les générations futures. « Beaucoup de survivants sont des parents et comptent parmi leurs proches des personnes qui peuvent également être à la merci des trafiquants. Lorsque vous renforcez les capacités de l’un d’entre eux, vous pouvez renforcer celles de toute la collectivité. »

La participation à ce programme permettra de mettre en pratique les valeurs et la raison d’être de RBC, qui est de contribuer à la réussite des clients et à la prospérité des collectivités. L’engagement de l’organisation à aider les membres vulnérables et à risque de la collectivité est un sujet qui tient à cœur à M. Thibodeau et à son équipe.

« Par cette initiative, nous voulons donner aux survivants les moyens de passer d’un état de survie à un état propice à leur épanouissement, déclare M. Thibodeau. En leur donnant accès à des produits et services financiers et en les dotant des compétences financières dont ils ont besoin, nous souhaitons qu’ils puissent s’épanouir pleinement. »

L’organisme FAST et l’Armée du salut se sont associés à d’autres institutions financières pour offrir des services financiers et des programmes de littératie financière aux personnes survivantes et à risque au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni, dans l’espoir d’aider non seulement celles qui ont été victimes de la traite, mais aussi celles qui sont vulnérables aux leurres des abuseurs. « Des projets comme celui-là nous permettent de combler les lacunes et de contribuer à la lutte contre la traite des personnes », conclut Mme Maxwell.

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