Le thème de la Journée internationale des femmes de RBC en 2022 est : « Je suis sans limites ». Malala Yousafzai, qui semble vraiment animée par un feu et une énergie illimités, a pris la parole lors de l'événement interne de la JIF de cette année. Elle apportait des messages d'encouragement, d'optimisme, d'espoir et d'inspiration à des milliers de participants et de participantes

La Journée internationale des femmes est un jour pour honorer, encourager et célébrer les femmes. Elle nous met aussi au défi de faire progresser les droits des femmes et des filles et l’égalité entre les sexes. Malala Yousafzai, cofondatrice du Fonds Malala, lauréate du prix Nobel de la paix et championne infatigable du droit de chaque fille à une éducation gratuite, sûre et de qualité, était la conférencière invitée spéciale de l’événement de la Journée internationale des femmes de RBC de cette année.

D’après des recherches menées par le Fonds Malala 2020, ce sont 20 millions de filles supplémentaires qui risquent de perdre l’accès à l’éducation à cause de la pandémie de COVID-19. S’il faut des années pour faire des progrès dans l’éducation des filles, il peut suffire d’un événement important, comme une pandémie ou une guerre, pour tous les perdre. En temps de crise, les femmes sont les plus touchées. Tout au long de la pandémie, les filles étant confinées chez elles, elles ont été plus susceptibles de participer aux tâches ménagères, de se marier et de travailler pour aider financièrement leur famille et, lorsqu’il s’agit de retourner à l’école, les filles arrivent en dernier. C’est pour ces raisons que Malala appelle à l’action, au militantisme et à l’altruisme, et à un redoublement des efforts pour éduquer les filles et les femmes du monde entier.

Tirer sa force de l’adversité

Le combat pour le droit des filles à l’éducation n’est pas facile, et Malala a dû faire face à beaucoup de résistance, de violence et d’adversité au cours de ses 24 années d’existence, probablement plus que ce que beaucoup de gens rencontreront dans une vie entière. En 2008, à l’âge de 11 ans, elle a été bannie de l’école avec ses camarades de classe de sexe féminin. En 2012, alors qu’elle rentrait chez elle après un examen, elle a reçu une balle dans la tête d’un taliban armé. Or, cet épisode n’a fait que la motiver davantage. « Je pense que les situations qu’on traverse nous rendent plus résilients », confie-t-elle dans une conversation avec Helena Gottschling, chef des ressources humaines de RBC, lors de la JIF. « Le fait d’être confrontée au terrorisme et d’être privée de mes droits fondamentaux de la personne à un si jeune âge m’a appris que le monde n’était pas juste et que j’étais soumise à une discrimination simplement parce que j’étais une fille. Je pense que l’on comprend alors qu’il y a tellement de choses pour lesquelles se battre afin d’être traitée de manière équitable et égalitaire. »

Si elle a eu la chance que son père lui permette d’aller à l’école et de s’instruire, elle a pu aussi constater que ce n’était pas le cas de beaucoup de ses cousines. Consciente de ce qu’était la vie des femmes sans éducation, elle a estimé qu’il était important que toutes les filles aient la possibilité d’apprendre.

L’éducation est une force, mais n’est pas une menace

Plus l’éducation sera accessible aux filles dans tous les pays et toutes les sociétés, plus le monde sera fort. Lorsque les talibans ont commencé à interdire aux filles d’aller à l’école, Malala a su qu’elle devait se battre pour son éducation. « Cela doit forcément donner du pouvoir, si cela fait peur aux talibans », déclare-t-elle. « Les talibans savaient que les filles et les femmes ayant reçu une éducation étaient puissantes et qu’elles les défieraient, qu’elles changeraient la société, qu’elles bousculeraient le patriarcat et qu’elles se dresseraient contre la misogynie. » Lorsqu’elle a vu que les talibans voulaient réduire les femmes au silence en leur retirant le droit à l’éducation, Malala a su qu’elle devait faire entendre sa voix.

Son message consiste notamment à dire que si l’éducation des femmes les rend autonomes, cela ne représente aucune menace pour les traditions ou la culture. « Même lorsque les femmes sont autonomes, elles restent fidèles à leur culture, et elles vivent toujours leurs valeurs et leur foi. Je pense que parfois l’éducation est considérée comme équivalente à l’occidentalisation… Si je suis éduquée et que je porte toujours mon foulard, cela envoie un message vraiment fort. » D’origine pachtoune, la famille et la culture de Malala sont assez traditionnelles, souligne-t-elle. « Nous sommes fiers de notre culture et nous sommes connus pour notre hospitalité ; nous aimons servir beaucoup de nourriture aux gens et nos portes sont toujours ouvertes. Néanmoins, certaines coutumes doivent changer et il est important que les femmes aient un rôle dans la société. »

Contourner les obstacles

Malala affirme que la pandémie a révélé le manque criant de ressources et de préparation des systèmes éducatifs du monde entier et que, dans de nombreux cas, elle a rendu l’éducation encore moins accessible. Néanmoins, elle a également révélé que d’autres canaux sont disponibles, et qu’ils fonctionnent. « L’apprentissage avec des outils numériques nous a appris qu’il existe d’autres moyens de diffuser l’éducation à travers le monde, y compris dans les zones les plus reculées », ajoute-t-elle.

Le Fonds Malala soutient les militants sur le terrain qui travaillent avec des organisations locales pour aider les élèves à accéder à une éducation numérique. Au Pakistan, par exemple, ils utilisent une application appelée Taleemabad et, dans le nord du Nigeria, ils utilisent la radio pour diffuser des leçons et des cours. « La leçon à retenir est qu’il existe des ressources et d’autres solutions à explorer. Nous devons nous assurer de les utiliser pour éliminer les obstacles actuels. » Certes, il y a des obstacles, mais il y a aussi des solutions.

« Ne jamais s’arrêter »

Lorsqu’on lui demande comment elle réussit à maintenir le cap, même si le combat à mener semble parfois immense, Malala admet que l’activisme et la défense des droits sont parfois épuisants. « Il arrive qu’on élève la voix et qu’on n’entende rien en retour. Il arrive aussi qu’on soit d’accord avec vous, mais que cela ne débouche sur aucune action. Cela peut être très frustrant, car on a l’impression d’avoir tout dit et que nos interlocuteurs savent tout, mais qu’ils hésitent à investir dans l’éducation », admet-elle. Malala explique que les frustrations sont normales et que, dans ces cas-là, elle prend le temps de réfléchir à la manière de progresser ou de déterminer si quelque chose lui a échappé.

« Or, c’est plutôt la décision d’arrêter qui me fait plus peur que ces petites frustrations. Je ne m’y résous jamais. J’espère que je ne me trouverai jamais dans une situation qui m’oblige à abandonner ma mission. » À toutes celles et tous ceux qui se sentent frustrés dans leur travail de sensibilisation, elle dit qu’il est normal de faire une pause. « Par contre, ne vous arrêtez jamais, car dès que vous vous arrêtez, votre mission et votre activisme prennent fin. Même s’il se passe peu de choses, cela a quand même un certain effet. »

Les alliés sont importants

Le père de Malala, Ziauddin Yousafzai, a eu une influence immensément positive sur sa vie et son indépendance en tant que femme. Il est un fervent défenseur de l’éducation et croit fermement au droit des filles d’aller à l’école. Malala estime que les opinions et les actions de son père lui ont donné le courage d’élever la voix. « Je raconte toujours comment mon père m’a encouragée à défendre mes droits et je rappelle aux gens que si j’ai pu terminer mes études, si j’ai pu défendre mes droits et être présente dans la société, c’est parce que mon père m’a laissée faire. Il ne s’est jamais opposé à mes décisions. »

Elle se souvient que, lorsque les talibans ont annoncé l’interdiction d’éduquer les filles au Pakistan, de nombreuses filles se sont élevées contre cette décision, mais leurs frères et leurs pères les ont fait taire. « J’insiste toujours sur le fait qu’il n’y a rien de spécial dans mon parcours ; la seule différence est que mon père ne m’a pas arrêtée. Par conséquent, si les hommes, les garçons, les frères et les pères n’empêchent pas les femmes de s’épanouir, elles peuvent accomplir beaucoup de choses. »

Le père de Malala a toujours été un allié formidable, en la laissant s’épanouir. Elle encourage les hommes qui croient aux droits des femmes à les laisser s’exprimer et à traiter leurs épouses et leurs sœurs sur un pied d’égalité. « Le combat féministe commence à la maison », dit-elle.

« Ayez de grandes ambitions et croyez en vous »

Malala a des objectifs ambitieux. Par exemple, l’un des objectifs du Fonds Malala d’ici 2030 est de scolariser toutes les filles. Pour y parvenir, il faut combler un déficit de financement de 200 milliards de dollars dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Il existe d’autres difficultés, telles que les événements liés au climat, qui devraient entraîner la déscolarisation de 12,5 millions de filles d’ici 2025. Malgré ces défis, Malala continue à voir grand et encourage les autres à faire de même. « Je pense que les jeunes femmes et les fillettes ont de grands rêves, mais, à mesure qu’on vieillit, la société nous dit qu’il n’y a pas de place pour nous. Quand on est une fille, il y a certaines choses qu’on ne peut pas faire. Je dis aux femmes et à tous ceux qui m’écoutent en ce moment d’ignorer toutes ces voix qui vous empêchent de voir grand. Soyez optimistes et ambitieuses dans votre vie. Rien n’est impossible. »

En fait, elle écoute la Malala plus jeune, celle qui avait 10 ans et qui croyait pouvoir changer le monde. Elle encourage les autres à croire en cette version plus jeune d’eux-mêmes, celle qui croyait que tout était possible.

Il est indéniable qu’il existe des obstacles pour les femmes et les filles, mais Malala pense qu’on peut les éliminer. « Il existe des barrières et des systèmes qui ne nous favorisent pas en raison de notre sexe ou de notre identité. Il y a beaucoup à faire, mais je vous dis simplement de croire en vous, d’être optimistes et ambitieuses, et de contribuer à changer le monde. »

Après tout, si une adolescente du nord du Pakistan, privée d’éducation et terrorisée dès son plus jeune âge, peut remporter le prix Nobel de la paix pour son travail et ce qu’elle a accompli, tout est possible. « Peu importe votre sexe et votre origine, dit Malala, vous pouvez rendre le monde meilleur. »

Eh oui, vous êtes SANS LIMITES.

Pour en savoir plus sur le Fonds Malala, consultez la page malala.org/

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