Une rencontre fortuite montre à une athlète noire et autochtone que la représentation compte, surtout dans les sports où la diversité n'est pas traditionnellement présente.

Eden Wilson est Métis, d’origine biraciale et freineuse au sein de l’équipe nationale canadienne de bobsleigh. Son parcours vers l’élite sportive est presque aussi unique que ses antécédents.

Il s’agit d’une trajectoire définie par une rencontre fortuite. Aujourd’hui, elle utilise sa plateforme comme Athlète Olympique RBC et membre de l’équipe nationale pour parler de l’importance de la représentation et aider les Canadiens à participer au processus de vérité et de réconciliation.

Voici son histoire.

J’ai grandi dans la banlieue de Calgary, où je me suis habituée à être différente. J’étais la seule élève autochtone à l’école intermédiaire, et au secondaire aussi, je pense. Mon père est Jamaïcain, donc je suis aussi d’origine biraciale. Il n’y avait pas beaucoup d’enfants comme moi.

Je passais tous mes étés à la ferme de ma grand-mère au Manitoba. C’est dans un village appelé Plumas qui compte environ 100 habitants. Ma grand-mère est Métis, et nous étions seules, elle et moi, à la ferme chaque été. Je me roulais dans la boue, courais dans les champs et profitais des joies du plein air.

C’est là où j’ai appris à faire de l’équitation et à aimer les chevaux. Comme je suis compétitive, je n’ai pas tardé à participer à des rodéos dans les petites villes de la province. Je m’adonnais également au saut d’obstacles lorsque j’étais à Calgary. C’était mon sport principal jusqu’à récemment. Il n’y avait pas beaucoup d’athlètes qui me ressemblaient dans cette discipline, mais j’aimais ça.

Officiellement, je suis Métis de la région 3 de l’Alberta, parce que je vivais à Calgary, mais mes racines sont avec ma grand-mère au Manitoba.

Quand j’étais jeune, le fait d’être autochtone (et encore plus noire et autochtone) était stigmatisé, si bien qu’à cette époque, je n’embrassais pas pleinement mes racines autochtones. Je m’en distançais beaucoup, peut-être comme moyen de défense, car je me sentais déjà tellement différente. Toutefois, il y a une dizaine d’années, je suppose que j’en ai eu assez de m’enfuir, alors j’ai commencé à apprendre.

Je me suis rendu compte que ma différence faisait de moi une personne spéciale, et c’est ça la clé. Cette différence pouvait devenir une force.

Pourtant, il était encore difficile de me projeter dans l’avenir comme athlète, car je n’avais pas de modèles autochtones ou noirs autour de moi. Tout a changé quand j’ai rencontré Phylicia George, une femme noire inspirante qui a participé à deux Jeux olympiques en athlétisme, avant de faire le virage au bobsleigh et de décrocher le bronze en 2018.

J’ai rencontré Phylicia au Wickenheiser Female Hockey Festival, à Calgary, l’année où elle a gagné sa médaille olympique. Cette rencontre a transformé ma vie.

Très chaleureuse, elle m’a encouragée à essayer le bobsleigh. Comme elle avait déjà tracé la voie, je pouvais m’imaginer dans sa position. Elle a été mon premier contact dans le monde du bobsleigh, et c’était réconfortant au niveau subconscient. L’impact qu’elle a eu sur moi m’a fait prendre conscience que la représentation compte.

Bobsleigh

Photo : « Je me suis rendu compte que ma différence faisait de moi une personne spéciale », affirme Eden.

Ce sentiment me motive encore aujourd’hui. Oui, je veux remporter des médailles (depuis que je me suis jointe à l’équipe nationale en 2020, j’ai récolté quelques médailles dans le circuit de la Coupe nord-américaine et j’ai les yeux fixés sur les Jeux olympiques de 2026), mais je suis dans le sport pour une raison plus grande.

En tant qu’athlète noire et autochtone, je suis en train de me tailler une place, parce que je veux que les jeunes puissent voir qu’ils peuvent aussi faire partie de cette élite, surtout dans les sports où la diversité n’est pas traditionnellement présente. Je sais d’expérience que la représentation est importante. Je l’ai vécu. Il faut du courage pour être le « premier » dans quoi que ce soit. Je ne peux pas imaginer mettre cette pression sur les enfants. Alors peut-être que je peux prendre ce rôle pour eux, pour faciliter les choses.

Au-delà du sport, comme athlète autochtone de l’équipe nationale, je crois que je peux aussi contribuer au processus de vérité et réconciliation. En qualité d’Athlète Olympique RBC, j’ai eu l’occasion de prendre la parole en public dans le cadre du programme.

Le processus de vérité et de réconciliation peut sembler intimidant et franchement déprimant. Je dirais donc aux Canadiens qui veulent y participer de commencer à apprendre. Commencez par de petits pas, par exemple, en vous renseignant sur ce qui s’est passé près de chez vous. Ce qui est arrivé à vos voisins.

L’éducation est la clé, mais ne mettez pas le fardeau de votre apprentissage sur les personnes qui ont vécu les événements. Ne leur attribuez pas la responsabilité d’en parler ou de revivre les traumatismes. Ce n’est pas à eux de vous donner ce savoir. C’est à vous de l’obtenir.

Enfin, la représentation pèse réellement dans la balance. S’il y a davantage d’athlètes et d’entraîneurs autochtones aux niveaux les plus élevés, plus de jeunes autochtones croiront que c’est possible d’y parvenir. Il ne tient qu’à nous de faire en sorte que cela se concrétise.

Créé en 2002, le programme Athlètes Olympiques RBC est une initiative nationale visant à permettre à des athlètes d’élite d’acquérir une expérience professionnelle pertinente grâce à un horaire de travail souple qui leur laisse le temps nécessaire pour s’entraîner et participer à des compétitions. Les athlètes du programme agissent comme ambassadeurs dans les villes et municipalités du Canada, en partageant leurs expériences avec des étudiants, des collectivités, des clients et des employés. Ces athlètes ambassadeurs ont pour mandat de promouvoir les causes qui ont façonné leur vie, depuis l’importance du sport au quotidien jusqu’à la vérité et la réconciliation.

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